Théâtre : « J’ai rendez-vous avec Molière », de et mis en scène par Steve Kalfa au Théâtre libre, à Paris.

Vérité de la subjectivité.
« J’ai rendez-vous avec Molière » est un choc. Nous connaissons tous au moins quelques pièces de ce géant et un peu sa vie privée. Steve Kalfa, tout en ayant la sagesse de résister à la tentation de l’exhaustivité, tisse des fils entre celle-ci et celles-là. Mieux encore, il met en évidence les personnages que l’auteur assume ou renie, le tout dans un ensemble à la fois riche et sobre. Riche, car il interprète à lui seul le questionneur et l’auteur et a la bonne idée, en prime, d’illustrer son propos en jouant certaines scènes – qu’il commente ensuite – avec Alix de Konopka, qui endosse ainsi plusieurs rôles féminins. Sobre, car il se meut sur une scène déserte, fors deux chaises, et sous des éclairages qui ne font remarquer que la force du jeu et les reliefs des visages et vêtements.
Certes, il y a une dose d’interprétation dans les explications qui proviennent de la scène. Mais qui s’en plaindrait alors que cette subjectivité est le fondement même du travail d’acteur. Car ce spectacle est aussi cela : un exposé de la conscience de tout comédien, de ses troubles, obsessions ou phantasmes. Ainsi, cette pièce qui se présente comme un propos sur Molière est-elle bien plus : une introduction à la vie, non pas dévote*, mais bien réelle parce qu’en marge des conventions.
On croit à tous les personnages, visibles ou évoqués, alors pourtant que le comédien ne recourt à aucun accessoire pour marquer le changement d’identité. On est suspendu aux lèvres de ces deux complices et, alors qu’on n’a pas vu le temps passer, on n’a, à la fin, qu’une envie : revenir.
Pierre FRANÇOIS
« J’ai rendez-vous avec Molière », de et mis en scène par Steve Kalfa. Avec Steve Kalfa et Alix de Konopka. Costumes : Michèle Belin. Jeudi et vendredi à 19 heures, dimanche à 16 heures au Théâtre libre, 4, boulevard de Strasbourg, 75010, Paris, métro Strasbourg St Denis, tél. 01 42 38 97 14, https://le-theatrelibre.fr/event-pro/jai-rendez-vous-avec-moliere/
*L’auteur de ces lignes confesse ici savoir être injuste avec saint François de Sales, mais être sûr que ce dernier lui pardonnera ce jeu de mots au sujet du parti du même nom qui accabla tant Molière.
Photo : Pierre FRANÇOIS, et d’autres sur https://www.instagram.com/pierrefrancoisphoto/

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