Théâtre : « De Profundis », d’Oscar Wilde au Studio Hébertot, à Paris.

Un Cri d’Amour déchirant.
Albert Camus disait déjà, concernant De Profundis : « Un des plus beaux livres qui soient nés de la souffrance d’un homme ». C’est dire que la barre était haute pour Bruno Dairou, metteur en scène et Josselin Girard, interprète, de nous faire vibrer à l’unisson de ce prestigieux admirateur. Pari tenu avec talent et maestria ! Pour le premier, il a fallu condenser deux cents pages sublimes, pour en faire une pièce de théâtre ; le choix est magnifique, avec des lignes de force augmentées, servi par un artiste incandescent qui transcende un Oscar Wilde en proie à un déchirement intérieur. En 1897, condamné à deux ans de prison dont quatorze mois de travaux forcés pour homosexualité à la suite d’un procès qui l’a opposé au père de son jeune amant, Bosie, il envoie cette longue lettre poignante à l’auteur de son tourment. Ce grand artiste brûlant de passion, de reproches, de remords et de souffrances intenses lance un cri bouleversant à cet Être pourtant égocentrique, manipulateur, méchant et sans imagination : « Je ne te haïssais pas. Chaque jour, je me disais je dois garder l’Amour dans mon cœur aujourd’hui, sinon comment survivrais-je toute la journée ? » Josselin Girard nous fait ressentir avec un charisme étonnant l’envoûtante beauté du texte. La scénographie dépouillée : une caisse, des lumières tamisées, un simple costume de bagnard font ressortir la performance exceptionnelle du comédien. Quand un chef-d’œuvre de la littérature universelle est servi par un virtuose aussi inspiré que magnétique, on est assuré de passer une soirée magique et inoubliable…
SIDONIE
« De Profundis », d’Oscar Wilde, traduction H.-D. Davray. Adaptation et mise en scène : Bruno Dairou. Avec Josselin Girard, du jeudi au samedi à 21 h jusqu’au 27 mai au Studio Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris. Métro : Rome, Villiers. Tél. 01 42 93 13 04, contact@studiohebertot.com, https://studiohebertot.com/spectacles/de-profundis/

Photo : Philippe Hanula.

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