Reproduire pour représenter.
Le programme scolaire français nous apprend que la guerre est une histoire d’hommes dans les tranchées. Les femmes y figuraient comme prostituées, infirmières, ouvrières ou futures veuves.
Mais des femmes russes étaient volontaires pour s’engager dans l’armée et défendre leur patrie. Elles n’avaient même pas 20 ans. D’ailleurs, elles disent elles-mêmes s’être inventées militaires.
Alors ici, ce sont des histoires étrangères et nouvelles pour des Françaises dont les ancêtres ne sont pas allées au front.
Cécilia Hornus, initiatrice du projet, est attirée par l’univers russe depuis ses débuts. Sa nouvelle collaboration avec Marion Bierry, germanique et grande connaisseuse de la Seconde Guerre mondiale, lui a paru comme une évidence.
Sur scène figurent six chaises et une table en bois rectangulaire. Il n’est pas question de danse-théâtre, mais cette scénographie mouvante au service d’un propos sur la guerre peut rappeler les images d’un ballet qui suit une construction scénique en plusieurs tableaux : « La Table verte », de Kurt Jooss.
C’est grâce à cinq interprètes dont le talent n’a pas d’adjectifs à la hauteur de leurs engagements que nous rencontrons cinq femmes russes témoignant de leurs parcours. Elles font partie des nombreuses autres femmes remplissant les bureaux d’admissions pour l’armée s’éloignant de « celles qui veulent profiter de la vie en se poudrant le nez ».
Leurs visages sont marqués par les rires et les sourires. Elles enchaînent des témoignages dont le fond fait appel à une conscience collective douloureuse. La poésie s’invite dans la forme de leurs paroles : « La guerre a duré très longtemps. J’me souviens ni d’oiseau ni de fleurs. »
Les mots des personnages s’allient aux paroles féministes pour illustrer leurs utilités vitales au front. « Le combat de ces femmes est de tous les temps. Il est né dans les mythes des armées d’Athènes et de Sparte en passant par la Guerre de Cent Ans pour unir, dans une même lutte, les Amazones aux jeunes filles affamées de Leningrad, les cantinières de Valmy aux Ukrainiennes et aux Kurdes d’aujourd’hui. » (Marion Bierry)
La nature féminine se doit d’être narrée, car « les reproductions historiques ne représentent pas la réalité. »
Maëlle NOUGARET
La guerre n’a pas un visage de femme. D’après La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch Prix Nobel de littérature 2015.
Avec : Cécilia Hornus, Sophie de La Rochefoucauld, Sandrine Molaro, Emmanuelle Rozès, Valérie Vogt.
Date de tournée : Le 25 novembre au Théâtre L’Atalante à Mitry-Mory (Seine-et-Marne, 77) / le 18 Janvier au Théâtre municipal de Nevers (Nièvre, 58) / Les 24,25,26 au Théâtre du Jeu de Paume. À Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône, 13) / Le 3 Février à La Cigalerie de Serignan (Hérault, 34) / Le 21 Mars au Centre des Bords de Marne à Le Perreux (Val de Marne, 94)
Festival Off Avignon au Théâtre le Girasole.
Photo : Stephane Parphot.