Sortir des destins tragiques.
On ne sort pas indemne d’un spectacle comme Sanga. Il nous reste encore longtemps en mémoire les oiseaux en papier, la liberté écrasée et la poésie dansée, rappée, frappée.
En 2014, Sonita Alizadeh rappeuse et réfugiée afghane de dix-neuf ans, écrit et interprète sa chanson « Daughters for Sale » après avoir été vendue et mariée de force. Après l’histoire de Sonita, voici celle de Sanga, forte de similitudes.
Cette toute nouvelle création est portée par huit interprètes et avec une mise en scène très imagée. Grâce à la scénographie et la chorégraphie des corps, les scènes s’enchainent comme des tableaux inspirés par la liberté et l’emprisonnement.
Au-delà d’être une biographie, c’est aussi un acte politique et un soutien pour la mobilisation féministe mondiale. Les interprètes peuvent quitter leurs états de personnages pour sortir de l’acte théâtral. Grâce à sa pièce, Clio Van de Walle se rapproche des femmes en devenir, mais aussi, et en sous-texte, de toutes les jeunes générations. Elle leur tend la main avec un théâtre qui s’émancipe des anciennes fortunes tragiques et irrémédiables de ses protagonistes.
Comme pour signifier une présence compréhensive et à l’écoute, les propos de l’autrice et son histoire se mêlent dans ceux de la pièce.
La création musicale composée par Mathias Louis s’ajoute à l’aspect organique de la narration. Pour la jeune Sanga, le sort des filles, c’est « comme le mouton qu’on met dans la soupe ». Alors dans sa chambre, à l’aide d’un micro posé sur un coussin doux et accueillant, elle fait entendre son rap et sa rage. L’Histoire des femmes a fait couler du sang meurtrier : « Je sens ma musique qui s’écoule au fond de moi » dira alors Sanga. Un nouveau cri de femme qui affirme que vivre comme telle, ce n’est pas avoir une vie de souffrance.
Maëlle NOUGARET
« Sanga », de et mis en scène par Clio Van de Walle. Collaboration artistique : Charlotte Bigeard. Avec Calypso Buijtenhuijs, Charlie Fargialla, Annie Milon, Arno Nguyen, Sheryne Bara, Clio Van de walle, Charlotte Bigeard ou Paola Guyot. Musique : Mathias Louis. Danse : Sipan Mouradian. Vendredi à 19 heures jusqu’au 9 décembre au théâtre La Flèche, 77, rue de Charonne, 75011 Paris, Tél. 01 40 09 70 40, Métro Charonne, Ledru-Rollin, Faidherbe-Chaligny, info@theatrelafleche.fr, https://theatrelafleche.fr/la-saison/sanga/