Fort et troublant.
« Celle qui sait » est un spectacle féministe et poétique. Le parti pris est celui d’une femme mal dans sa peau qui chute à l’intérieur d’elle-même et y découvre – à travers des personnages de contes ou mythologiques – toutes les facettes qui la rendent esclave d’elle-même et coupable d’exister. On l’aura compris, cette pièce possède une dimension psychanalytique. Mais la force de la poésie – dans un style déroutant qui cultive le bric-à-brac autant intime qu’apparent – rend le propos (on hésite à employer ce mot qui si souvent signifie son contraire, mais c’est ici le plus juste) intéressant.
En effet, il provoque une prise de conscience. Chez les hommes d’abord : comment des femmes peuvent-elles aujourd’hui se sentir si dévalorisées alors que beaucoup d’entre eux se sentent en mal d’identité du fait qu’elles conquièrent de plus en plus d’égalité ? Chez les femmes aussi : il y a celles, fières d’avoir vécu 68, qui ne se vivent coupables de rien et celles qui souffrent de ce que les regards masculins se tournent vers d’autres.
Pourtant, les témoignages sont là. Car la pièce en comporte quelques-uns, sollicités intelligemment. Les femmes interrogées, parfois jeunes, disent vivre le même malaise existentiel.
Certes, on entre ou non dans le style poétique choisi. Mais ce spectacle possède une vraie richesse et une aussi réelle force.
Pierre FRANÇOIS
« Celle qui sait », de, mis en scène par et avec : Camille Claris et Sarah Horoks. Lumières : Lila Meynard. Vidéo : Elie Triffault. Du mardi au samedi à 19 heures jusqu’au 26 février au Théâtre des déchargeurs, 3, rue des déchargeurs, 75001 Paris, métro Châtelet, sortie 11 (rue de Rivoli), 12 (rue Bertin Poirée) ou 14 (Saint-Denis), RER A Chatelet-Les Halles. Tél. : 01 42 36 00 50, https://www.lesdechargeurs.fr/spectacles/celle-qui-sait/