David Delabrosse, on l’a entendu chanter à l’Auguste théâtre et en tournée, on devait encore l’entendre et pouvoir acheter son nouveau cd, mais la sortie de ce dernier, originellement prévue le 27 mars a été reporté au 5 juin, puis désormais au 22 août.
Quel effet cela lui fait-il ? Comment a-t-il vécu le confinement ?
Il confesse être un grand hypocondriaque et avoir besoin de repères. Dans cette mesure, être confiné, c’est aussi être à l’abri de la maladie et avoir une date est tout ce qu’il demande, qu’elle soit proche ou lointaine. Par contre, s’il prend avec philosophie le report de la sortie du cd, le fait de n’avoir pas pu participer à des festivals qui déclenchent des achats de dates de concert est un coup dur.
Lui qui situe tout un concert (« Toujours deux ») dans le contexte de son enfance, les années 70, quand « on pouvait fumer en voiture et [qu’]il n’y avait pas de ceinture de sécurité » fait le parallèle avec le temps présent et constate que la vie – y compris son allongement ou son amplification transhumaniste – ont pris tellement d’importance qu’on est entré dans une ère du tout sécuritaire, qui veut évacuer le fait que la vie a son pendant : la mort. Pour lui, la pandémie rappelle notre fragilité.
Le confinement lui est tombé dessus alors qu’il était en train de terminer un album pour enfants et, dans son élan, il a aussitôt écrit une chanson de plus : « Raplapla, l’histoire d’un rat hypocondriaque ».
Puis, il s’est consacré au nouveau métier d’instituteur avec son fils. Après avoir commencé bille en tête, il a peu-à-peu été rattrapé par son caractère bilieux. Sans doute que l’ignorance au sujet de cette maladie contre laquelle on lutte sans savoir vraiment que faire y a été pour quelque chose. En effet, le fait d’apprendre petit à petit de quoi il s’agit crée du stress. Une tension supplémentaire dont il n’avait pas besoin dans la mesure où le médecin venait de lui dire qu’il était au bord de l’épuisement professionnel et qu’il avait besoin de six mois de repos. De ce point de vue, le confinement l’a obligé à faire le choix qu’il n’était pas capable de faire auparavant. D’autant plus que, même s’il l’avait voulu (après tout, fait-il remarquer, le confinement est l’attitude habituelle des littéraires pour créer, le record étant détenu par Proust pour écrire « À la recherche du temps perdu), l’angoisse l’empêche d’écrire quoi que ce soit de bon.
Heureusement, en plus du cd qui sortira en retard, il y a un autre album intitulé « SuperEgo » – pour enfants, celui-là – auquel il ne manque plus que deux chansons pour être complet (il devrait sortir en février ou mars prochain) et il pourra entamer les répétitions du spectacle correspondant dès septembre. Sans compter la reprise des spectacles déjà existants, pour enfants (« Ego le cachalot ») comme pour adulte (« Toujours deux »).
Pierre FRANÇOIS