Théâtre : « Waynak », d’Annabelle Sergent et Catherine Verlaguet en tournée dans toute la France.

Adaptation réciproque.

C’est la guerre. Les parents ont disparu. La grand-mère a tout vendu. Et, un jour, lui donne de l’argent en lui disant d’emmener sa petite sœur en France. Des histoires de ce genre se comptent par milliers au départ de l’Afrique.

À deux, le jeune réfugié et elle la fille de bonne famille qui rend service mais ne supporte pas que ses parents s’intéressent à quelqu’un d’autre qu’elle, racontent et interprètent différents protagonistes. Le mariage entre vérité et délicatesse humaines est réussi.

Le texte et la mise en scène ont su habiller un récit réaliste de la dose nécessaire de fiction et de poésie, d’humanité et de tendresse pour rendre un tel récit audible. Le fait est d’autant plus important que ce spectacle est à destination du jeune public à partir de 10 ans.

Le récit, fort, sonne juste. Il rend compte des différences et similitudes dans les mentalités d’une collégienne et d’un jeune exilé. Les phrases sont courtes et vont à l’essentiel : « C’est où, loin ? – C’est juste après bientôt », « C’est quoi un vœu ? – C’est quand tu pries très fort pour que quelque chose se réalise », « Ceux qui ont une toute petite chance de survivre et toutes les chances de mourir choisissent la petite chance de survie »…

La mise en scène injecte le zeste d’onirisme nécessaire, on regrette juste deux passages d’un style très différent qui évoquent – lorsque les deux jeunes s’identifient à des héros – trop le monde virtuel pour que l’on s’adapte au changement soudain de tonalité.

À ceci près, on est là face à un spectacle très réfléchi, bien dosé, bien joué, équilibré, qui fait preuve d’une vraie humanité sans rien idéaliser dans la personnalité des deux protagonistes. Qui n’oublie pas d’entretenir un suspense grâce au mystère du téléphone et à la quête de la sœur. Qui rend compte des cauchemars et incompréhension comme de la nécessité de parfois se mentir pour continuer à espérer. C’est très fort.

Pierre FRANÇOIS

« Waynak », d’Annabelle Sergent et Catherine Verlaguet. Avec Laure Catherin, Benoît Seguin. Mise en scène : Annabelle Sergent, assistée d’Hélène Gay. Les 2 et 3 décembre au Préambule de Ligné, 5 et 6 décembre au Carré d’argent de Pontchâteau, 9 et 10 décembre à l’Espace de Retz de Machecoul-Saint-Même, 30 et 31 janvier au Théâtre Massalia de la Friche de la Belle de mai, 6 et 7 février au Théâtre de Saint-Nazaire, 10 mars au jardin de verre de Cholet, 3 avril au festival Méli’môme de Reims, 5 et 6 mai à L’Empreinte de Brive, 15 mai au Théâtre des trois chênes de Loiron-Ruillé et 19 mai au Festival des arts du récit à l’Espace 600 de Grenoble.

Photo : Pierre Francois.

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