Parce que ce sont des élèves qui présentent un travail de fin d’études, on s’attend à quelque chose d’un peu scolaire, voire approximatif. On a tort pour ce qui concerne « Sur le navire noir », par les comédiens de l’École régionale d’acteurs de Cannes et de Marseille. Cette pièce prend vite la forme d’un polar, avec intrigues secondaires, mais sans jamais lâcher le fil directeur de l’histoire. Dès le départ, on comprend que l’on a affaire à une mise en abyme entre l’événement et la façon dont il est travaillé par un auteur qui veut le relater de nouveau à la suite d’un premier travail romanesque. La mise en scène, fluide et logique, se permet des originalités, comme le fait de faire dire le texte d’un des personnages par une comédienne tandis que son partenaire le joue. Mais tout cela est parfaitement calé, le rythme est sans faille, les personnages sont complètement crédibles dès leur entrée en scène de sorte que tous ces choix sont parfaitement acceptés par le spectateur qui se réjouit d’être accompagné par les comédiens dans les méandres de l’après-guerre japonais. On ne souhaite qu’une chose à cette pièce : qu’elle tourne.
Pierre FRANÇOIS
« Sur le navire noir », d’après le roman « Tokyo, ville occupée » de David Peace. Adaptation et mise en scène : Jean-François Matignon. Avec : Ligia Aranda Martinez, Maxime Christian, Ioachim Dabija, Mélina Fromont, Marie Razafindrakoto, Lola Roy, Quentin Wasner-Launois.
Photo : Pierre FRANCOIS.