Théâtre : « Clair de femme », de Romain Gary au Guichet Montparnasse, à Paris.

Aimer ou désespérer ?
« Clair de femme » n’est ni un roman, ni un film, ni maintenant un spectacle très gai. Cependant, mis en scène par Alexandra Dadier avec Laurent Schteiner dans le rôle principal, c’est une pièce bien jouée et à la mise en scène soignée. Cette dernière utilise en effet le moindre centimètre carré et des déplacements minimaux d’accessoires pour faire passer avec une évidence folle d’une loge de théâtre à un bar ou à un intérieur d’appartement en passant par la rue. Certes, l’émotion est parfois distillée d’une façon un peu trop efficace, mais qui ne serait pas ému dans un tel contexte ? Quant aux quelques longueurs que l’on ressent à la fin, il est évident que lorsque ces lignes seront lues, la pièce aura déjà été « resserrée ». Et si Laurent Schteiner est crédible dès la première minute dans son rôle, on peut en dire autant de tous ses partenaires, avec une mention spéciale pour le comédien dresseur de chiens. Quand à sa femme, on comprend immédiatement qu’elle n’est qu’une évocation , un fantôme qu’il se fabrique en se remémorant les moments exceptionnels passés à ses côtés. Le texte enfin, de Romain Gary, est poétique et pertinent, il dit des choses très vraies sur l’amour, pas un amour en général mais la façon dont certains être peuvent le ressentir. Dans l’expression « faire la part du feu », « la part du feu, c’est celle qui ne s’éteint jamais, qui ne s’éteindra jamais » fait partie de ces formules profondes et poétiques, positives au milieu d’un contexte qui pousse au désespoir. De ce point de vue, l’adaptation a su, lors des coupes, garder la sève de la vie (pour la dimension comique) et celle de la compréhension d’icelle (pour la dimension méditative).
Pierre FRANÇOIS
« Clair de femme », de Romain Gary. Adaptation : Alexandra Dadier et Laurent Schteiner. Avec : Guy Hassid, Isabelle Mérie, Alessandra Puliafico, Diana Sakalauskaité, Laurent Schteiner. Mise en scène : Alexandra Dadier.
Vendredi et samedi à 19 heures, dimanche à 15 heures jusqu’au 2 juillet au Guichet Montparnasse, 15, rue du Maine, 75014 Paris, métro Montparnasse-Bienvenüe, Edgard Quinet, tél-fax 01 43 27 88 61, http://www.guichetmontparnasse.com

Photo : Pierre Francois

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