Théâtre : « Charles de Foucauld, frère universel » à l’église saint-Augustin de Paris.

Montage magistral.
Francesco Agnello refuse catégoriquement de dire que ce spectacle est de lui. « Je n'ai fait qu'un montage », explique-t-il. Entre quelques milliers de textes, surtout les lettres écrites par Charles de Foucauld lui-même. Car son « montage » met en scène la vie de ce géant de la spiritualité contemporaine qui, comme Thérèse de Lisieux, prône l'enfouissement.
Quand on se rend compte que le spectacle a lieu dans la salle même où l’abbé Huvelin donnait ses conférences (actuelle salle des catéchistes, en sous-sol) et que c’est dans un des confessionnaux au-dessus qu’eût lieu le fameux dialogue : « Monsieur l'abbé, je n'ai pas la foi ; je viens vous demander de m'instruire – Mettez vous à genoux, confessez-vous à Dieu : vous croirez. – Mais, je ne suis pas venu pour cela… – Confessez-vous !». Puis, une fois la chose faite : « Vous êtes à jeun ? – Oui. – Allez communier ! », on perçoit la forte dimension symbolique qu’il y a eu à programmer ces représentations dans un des lieux fondateurs de la vocation de Charles de Foucauld, à l’église saint Augustin de Paris.
Logiquement, Francesco Agnello a demandé à Gérard Rouzier, lui aussi vieux briscard des spectacles spirituels, d’incarner non pas un Charles de Foucauld historique ou aventurier, fût-ce de la foi, mais un cœur brûlant, lucide sur lui-même et qui se purifie au fur et à mesure qu’il avance sur son chemin spirituel. Ainsi est très bien mise en valeur l’évolution de sa conviction concernant la conversion des populations qu’il rencontre : si au début elle est un but à atteindre, elle devient petit à petit un surcroît éventuel. Sans doute se souvient-il que c’est la piété des musulmans qui l’a ramené vers le Dieu chrétien, comment nier alors que leur démarche soit déjà un chemin vers le vrai Dieu ? On pourrait faire la même remarque pour ce qui concerne son refus initial de devenir prêtre au nom d’un enfouissement radical et comment par le jeu de l’obéissance – et de quelques remarques astucieuses de la part de la supérieure des Clarisses de Jérusalem – il finit par s’y résoudre.
De ce fait, ce spectacle ne se regarde ni ne s’écoute comme un autre : le public est convié en suivant l’itinéraire spirituel du saint à examiner le sien, sans remord, sans culpabilité aucune. Mieux que n’importe quel sermon, il aide à entrer dans une paix qui invite à devenir meilleur. On est aussi loin du spectacle superficiel que de celui qui estimerait pouvoir s’affranchir des contraintes d’un travail  professionnel au motif que les intentions sont nobles. Au contraire, derrière l’apparence d’une – réelle – sobriété de moyens, on perçoit un travail phénoménal et de mise en ordre des textes et d’interprétation. Chapeau bas !
Pierre FRANÇOIS
« Charles de Foucauld, frère universel ». Avec Gérard Rouzier. Mise en scène et musique : Francesco Agnello.  Tous les mercredis à 12 h 30 dans la chapelle des catéchistes de l'église de Saint Augustin, entrée en longeant l’église sur sa droite quand on la regarde en face, métro St Augustin, entrée avec libre participation, tél. : 06 64 64 01 51.


Et d'autres projets…



D’une part, concomitamment à cette pièce Francesco Agnello continue à donner « Pierre et Mohamed », un hymne à la tolérance à travers la biographie de Mgr Pierre Claverie et de son chauffeur Mohammed Bouchikhi, assassinés ensemble alors qu’ils rentraient à l’évêché d’Alger le 1er août 1996. On a passé le cap des huit cents représentations.
D’autre part, il est en train de mettre la dernière main à une nouvelle pièce : « Le cinquième évangile, frère Henri Vergès », un mariste assassiné en Algérie dans la bibliothèque de l’archidiocèse d’Alger le 8 mai 1994.
Ces deux dernières pièce sont écrites par le frère Adrien Candiard o. p. et interprétées par Jean-Baptiste Germain. Les deux sont jouées  jusqu’au 25 juin à la chapelle Notre-Dame des anges, 102 bis, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél. 06 64 64 01 51.
« Pierre et Mohammed » est joué les vendredis et samedis à 12 h 30, dimanches à 15 heures.  « Le cinquième évangile » est joué le dimanche à 17 heures.

Photo : Pierre Francois

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