Théâtre : « 4.48 psychose » au Théâtre de l’aquarium dans le cadre du cycle « Paroles de femmes », à la Cartoucherie, à Paris

Délire fatal
« 4.48 psychose » monté au théâtre de l'Aquarium dans le cadre du cycle « Paroles de femmes »* est une œuvre qui se suffit à elle-même. Inutile d'avoir vu le film pour entrer dans les angoisses de cette femme qui ne sait plus que choisir entre des tourments qui font partie de sa personnalité et un traitement qui la pacifiera. Au confluent du récit, du dialogue et de la danse (sans compter la part autobiographique de l’œuvre puisqu'elle a été retrouvée après le suicide de son auteur), la pièce traduit bien l'obscurité torturée qui est la sienne. On se sent à la fois loin et proche d'elle, tantôt pris d'empathie tantôt avec le regard distant de son médecin. Les lumières, ou plutôt leur dosage chiche mais juste, participent grandement à l'atmosphère générale. Le rythme, irrégulier et maîtrisé, traduit aussi les phases d'abattement ou de résignation au milieu de ce doute continuel. Le fait qu'on ne sache pas quelle personnalité donner au danseur est plutôt bien vu puisqu'on navigue avec elle dans un monde qui passe sans cesse du réel au fantasme.
Pierre FRANÇOIS
« 4.48 psychose », de Sarah Kane, traduction Evelyne Pieiller. Avec DeLaVallet Bidiefono, Mathieu Blardone, Sara Llorca, Benoît Lugué, Antonin Meyer Esquerré. Mise en scène et chorégraphie : Sara Llorca et Charles Vitez. Du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 heures jusqu'au 21 février au Théâtre de l'Aquarium, Cartoucherie, route du champ de manœuvre, 75012 Paris, tél. : 01 43 74 72 74, www.theatredelaquarium.com

Photo : Pierre François

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