Spiritualité : Naissance d’un cercle de silence pour la paix en Israël-Palestine, à Paris.

La force du silence.
À l’origine, les cercles de silence sont une initiative franciscaine. Qui date de 2007, à Toulouse, pour protester contre les conditions d’enfermement des personnes sans-papiers. La démarche s’inspire de Gandhi, Lanza del Vasto, saint François d’Assise et, bien sûr, de l’Évangile. Il s’agit de protester sans violence en se retrouvant à date fixe devant un bâtiment public, en silence et en cercle, avec quelques pancartes pour indiquer pourquoi.
Le mouvement en recense cent soixante-quatre en France et vingt à l’étranger. Le site de la fraternité franciscaine tient une liste (semblant incomplète) de cercles actifs avec leurs moments de rassemblement. Il en existe notamment un à Paris qui « se réunit symboliquement le troisième vendredi de chaque mois à 18 h 30 devant le Conseil d’État, échelon suprême de la justice administrative et conseiller du gouvernement. »
Un autre vient de naître, qui se tient devant Beaubourg le samedi de midi à une heure. Mais sa thématique est différente. « On a repris la méthode », explique un de ses responsables « et on l’a adaptée » aux dernières évolutions du conflit israélo-palestinien. Ce qui explique sa naissance récente, depuis le 11 novembre 2023. Qui l’a lancé ? Un laïc de Saint-Merry-hors-les-murs et la communauté des Quakers de Paris, le lien s’étant fait via un groupe de l’Acat auquel des membres de ces deux entités participaient. D’autres personnes viennent par le collectif Anastasis ou le Forum 104/Notre Dame des anges.
Que font les Quakers, une église protestante sans rapport avec les flocons d’avoine, dans cette galère ? C’est que, comme les Mennonites, ils œuvrent depuis toujours en faveur de la paix (beaucoup de leurs membres sont objecteurs de conscience, sans que ce soit une obligation édictée par leur Église).
Chaque cercle rassemble entre dix et quinze personnes. Les esprits sont si polarisés qu’il suffit d’écrire le slogan « cessez-le-feu immédiat » pour qu’un passant demande « alors, vous pissez sur les otages ? ». Si on remplace cette phrase par « chaque vie compte », une des participantes fait remarquer (au moment de l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution) que cela peut déplaire à d’autres. Certains écrivent donc « Paix » ou dessinent une colombe.
Cette initiative est marquée par une forte motivation et fidélité chez les participants. Parmi eux, on compte Francesco, la quarantaine, travaillant dans le « natural langage process », depuis sept ans dans l’arrondissement. Comment et pourquoi est-il arrivé là ? Dès octobre, il a voulu « faire quelque chose » et s’en est ouvert à un prêtre de Notre-Dame de la Croix, qui l’a orienté vers « Le Dorothy » où on l’a aiguillé vers le collectif Anastasia. Dans le cercle, il a le sentiment de se trouver avec des personnes qui, comme lui, partagent le souci de ceux qui souffrent, qui qu’ils soient. Ensemble, ils vont droit au message central : cessez-le-feu. L’épisode biblique qui l’inspire pour faire partie du groupe est celui de la négociation d’Abraham voulant sauver Lot et sa famille : s’il n’y a qu’un seul juste dans un groupe qui ne l’est pas, alors il faut demander grâce pour l’ensemble. Le silence, pour lui, est le bon message ; et le fait qu’une personne du groupe soit à disposition de ceux qui veulent des explications un bon compromis. Pour autant, il apprécie aussi les discussions au café qui se font après être resté immobile durant une heure, ce qui permet de mieux se connaître.
Pierre FRANÇOIS
Photo : Pierre FRANÇOIS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *