« Villes des musiques du monde » est un festival déjà bien enraciné en Seine-Saint-Denis. C’est aussi un moment de convivialité entre les diversités sur un territoire à la réputation plutôt communautariste. Cette année, le thème en était « Douce France », de Trenet à Mouss et Hakim en passant par Aziz Sahmaoui ou l’Orchestre national de Barbès. Les circonstances étant ce qu’elles sont – c’est-à-dire susceptibles de changer du jour au lendemain, raison pour laquelle il est utile de consulter le site mis en permanence à jour avant de bouger – la question de sa confirmation se posait.
Et a été résolue positivement.
Le communiqué de presse annonçant le maintien du festival insiste sur un point : la motivation principale n’est pas économique, « grâce aux partenaires publics dont le soutien permet une grande accessibilité et le lien social avec tous les publics, sans être tributaire du rendement de nos buvettes pour survivre ». Elle est humaine : il s’agit, tenant compte des retentissements sociaux et psychologiques de la pandémie sur chacun, de « préserver une vie sociale et culturelle digne pour les habitants et les artistes ». En quelque sorte, à sa modeste échelle, d’aider à la résilience.
Certes, le programme a été parfois amputé, souvent aménagé (mais 90 % de la programmation est sauvée), et a même hérité d’un concert supplémentaire, signe de la persévérance et du courage de ses organisateurs. Non sans humour, ces derniers précisent : « Nouveau ! Au programme les « tea-time » concerts sans thé, sans scone, mais bien assis(e) et masqué(e) et avec de la musique … quand même … ». Et il y a même eu un nouveau concert, le 23 octobre, avec Zakaria Haffar en première partie de Walid Ben Selim.
Le festival dure jusqu’au 6 décembre, sans oublier son moment fort, désormais traditionnel : « La Cité des marmots », en partenariat avec l’Éducation nationale, lequel réunira 450 enfants autour de Mouss et Hakim du 2 au 6 novembre avant de partager la scène avec eux en avril et juin 2021. Un moment déjà plébiscité tant par les enseignants – Rares sont les projets avec un suivi annuel tel que celui-ci. La fait qu’il y ait un rendu final, qui plus est de qualité professionnel est une chance unique pour beaucoup d’élèves « d’infiltrer » un corps de métier, mais aussi de pouvoir constater efficacement que lorsqu’on s’investit dans un projet, on est capable collectivement de produire quelque chose de qualité dit l’un d’eux – que les élèves pour qui c’est l’occasion de réaliser ce qu’est la culture : « ça sert à s’orienter … si on a envie … » (Sarah, dix ans), « ça sert à se poser des questions » (Jalil, dix ans), « ça sert à savoir qui on est » (Ames Nakhil, onze ans).
Un grand merci aux organisateurs de savoir tenir la barre malgré les vents contraires !
Pierre FRANÇOIS
Festival « Villes des musiques du monde », Douce France, jusqu’au 6 décembre : http://www.villesdesmusiquesdumonde.com/
Photo : Fabien Tijou.