Spiritualité : Vertu et piété, dissimulation et révélation (36).

Chacun utilise le confinement comme il peut. L’auteur de ces lignes, qui avait raté un cours sur le Livre d’Esther, le rattrape en en faisant un compte rendu, très personnel d’abord, puis (largement) inspiré par le site protestant « Théovie » et la revue catholique « Cahiers évangile » (ainsi que son « supplément »)*. Cet article n’étant qu’un (bref) résumé, il est conseillé à ceux qui s’intéressent au sujet de se reporter à ces sources.

Au Moyen Âge chez les chrétiens, les questions de canonicité n’ont plus cours, mais celles de présentation se posent du fait qu’il existe alors deux versions et que la coutume de l’époque est d’introduire le texte sacré par un prologue. Peu à peu le texte hébreu prend le pas sur le grec de sorte que les additions qui ont été insérées au fil du récit se retrouvent en bloc à la fin.

Se pose aussi la question de l’interprétation. Si on en reste à la symbolique – Esther figure de l’Église – la question de la datation et de l’historicité du livre ne se pose pas, mais les commentateurs s’attellent assez vite également à une étude littérale. Et Raban Maur relève déjà, vers 830, que « jamais Esdras n’aurait tu son nom [celui d’Esther] lui qui écrit qu’alors Esdras et Néhémie retournèrent de Babylone et rapporte les actions qu’ils ont accomplies après. ».

Pierre le Mangeur (1169-1173), qui s’est donné pour tâche de réécrire la Bible en y intégrant des données exégétiques, continue à chercher les correspondances de dates entre événements profanes et bibliques. Ainsi arrive-t-il à identifier cet Assuérus avec Artaxerxès II Mnemon (403-358 av. J.-C.). Étienne Langton, à la fin du XIIe siècle, poursuit le raisonnement et observe que l’histoire d’Esther est semblable à celle de Judith, située sous le règne de Cambyse (530-522), « donc Judith doit être lu après Esdras, puisque Esdras commence par Cyrus. Tout ce qu’on lit dans Esdras ne s’est pas déroulé sous Cyrus, et donc il n’y a pas d’objection. ». Sauf que…

Sauf que Nicolas de Lyre (1270-1349) calcule que si, selon le premier verset du Livre d’Esther, Mardochée a été compagnon de captivité du roi de Juda et qu’Assuérus est le huitième ou le quatrième roi de Perse, alors Mardochée est plus que centenaire et incapable d’accomplir les actions que le Livre d’Esther lui prête. Il s’en sort en prétendant que « si l’on a une bonne constitution et si l’on est sobre, on peut encore faire et supporter beaucoup de choses… ».

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