Spiritualité : Vertu et piété, dissimulation et révélation (29).

Chacun utilise le confinement comme il peut. L’auteur de ces lignes, qui avait raté un cours sur le Livre d’Esther, le rattrape en en faisant un compte rendu, très personnel d’abord, puis (largement) inspiré par le site protestant « Théovie » et la revue catholique « Cahiers évangile » (ainsi que son « supplément »)*. Cet article n’étant qu’un (bref) résumé, il est conseillé à ceux qui s’intéressent au sujet de se reporter à ces sources.

Finement, lorsqu’elle dit (5, 8) « et s’il plaît au roi d’accorder ma demande et d’exécuter ma requête, qu’il vienne avec Haman au banquet que je vais organiser », d’une part elle invite alors que Vasti avait refusé une invitation, d’autre part elle sollicite un accord implicite et a priori du roi, rien que par le fait qu’il accepte de se rendre à ce banquet. Elle se situe aux antipodes de Haman lorsqu’il demande, croit-il pour lui, des attributs royaux, le cheval du roi étant symboliquement son trône lorsqu’il se déplace (6, 7-9). En terminant son invitation par « demain j’agirai selon l’ordre du roi », elle fait semblant de lui rendre la main alors qu’elle vient de le lier psychologiquement. En invitant Haman au banquet en compagnie du roi alors que les réactions colériques de ce dernier sont connues lorsqu’il a bu, elle fait déjà le pari que le roi va une fois de plus perdre le contrôle de lui-même quand elle parlera.

Cette description d’une femme sachant jouer des ressorts psychologiques et de l’étiquette de la cour est conforme à la réalité. Par exemple, Hérodote rapporte qu’Artaynté, maîtresse de Xerxès, profita d’une promesse inconsidérée de ce dernier de lui donner ce qu’elle voudrait pour lui demander le manteau que lui avait offert sa femme légitime Amestris. Laquelle se vengea à l’occasion d’un banquet lors duquel le roi ne pouvait rien refuser : elle lui demanda de lui livrer la femme de son propre frère, innocente, et la renvoya chez elle après lui avoir fait couper les seins, les oreilles, le nez, les lèvres et la langue (Hérodote, Histoire, 9, 109-112), ce qui déclencha une guerre entre les deux frères.

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