Hors-sol.
Une verrière art déco en fond de scène, devant elle une architecture intérieure qui fait penser au musée Guggenheim, sur scène un mobilier en partie art nouveau ; une robe de style antique pour Elmire, un costume trois pièces pour Orgon, une tenue intemporelle de soubrette pour Dorine, un habit d’époque pour Valère… on est dans un lieu et un moment indéterminés qui pourraient aussi bien être aujourd’hui qu’hier. D’ailleurs, le prologue rajouté figurant une des fêtes reprochées à Elmire par sa belle-mère ne mélange-t-il pas musique baroque et jazz ? Dans ce contexte incertain, la prononciation des alexandrins est appliquée.
Si le prologue donne une impression d’énergie, le soufflet retombe lors de la première scène, Orgon ayant l’air plus fatigué que présent. On commence à croire à son personnage lorsqu’il dit à Marianne son intention de lui faire épouser Tartuffe. Puis arrive l’étape où on voit plus les monstres sacrés que leurs personnages. Enfin, on finit par croire à la situation, même si les bras étendus théâtralement d’Orgon ou les mimiques démonstratives de Dorine donnent à la mise en scène un petit parfum de naphtaline.
À être réellement dans leurs personnages on trouve le plus souvent Elmire, Marianne ou Valère, une fois que la pièce a bien démarré.
Heureusement, Molière s’en sort bien, même si on doute qu’il ait mérité cela.
Pierre FRANÇOIS
« Le Tartuffe », de Molière. Mise en scène : Peter Stein. Avec Pierre Arditi, Jacques Weber, Isabelle Gelinas, Manon Combes, Catherine Ferran, Bernard Gabay, Félicien Juttner, Jean-Baptiste Malartre, Marion Malenfant, Loïc Mobihan, Luc Tremblais. Du mardi au vendredi à 20 heures, samedi à 20 h 30, dimanche à 16 heures au Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18, Boulevard Saint-Martin, 75010 Paris, Tél. 01 42 08 00 32.