Théâtre : « La Chambre de Marie Curie », de Filip Forgeau au Théâtre de l’épée de bois, Cartoucherie, à Paris.

La mort et l’amour.
Il est allongé sur un catafalque, immobile. Mort. Elle est à côté. Saisie par le chagrin. Elle l’embrasse. Lui parle. Après un temps, il lui répond. Commence ainsi un dialogue amoureux et poétique entre elle et lui, Marie et Pierre Curie. Marie Curie si éperdument amoureuse de son mari qu’à partir de sa mort elle tient un journal intime auquel elle confie les pensées qui lui viennent, l’amour qu’elle porte à celui qui fut son maître et qui intervient en 1903 pour qu’elle soit nommée à ses côtés lors de la réception de prix Nobel de physique (également partagé avec Becquerel). Son mari qui en quittant la vie lui redit tout son amour, sa complicité, l’exhorte à continuer à vivre, évoque leurs moments heureux et leur harmonie exceptionnelle.
L’atmosphère est mystérieuse, intime, douce, intense : c’est que l’amour est chose délicate qui ne se dit pas comme cela, surtout aux moments les plus forts.
Techniquement, on croit aux personnages dès la première réplique, les lumières sont en parfait accord avec le propos et le son sait à la fois soutenir l’émotion et se faire oublier.
Le texte pose quelques questions essentielles, par exemple « Est-ce que ça existe, la vie réelle ? Dans quel rêve est-ce que l’on vit ? Dans quel rêve est-ce que l’on meurt ? ». Quel est le rôle de la science (même si l’auteur anticipe un peu en leur faisant pressentir la bombe atomique alors que la communauté scientifique a plutôt compris cette possibilité à partir de la découverte de la fission nucléaire par Otto Hahn en 1938*) ? Pourquoi l’absurdité de la souffrance ? Toutes ces questions, somme toute classiques, sont ici posées avec un accent de proximité et d’humanité qui fait tout le sel de cette pièce.
Pierre FRANÇOIS
« La Chambre de Marie Curie », de et mis en scène par Filip Forgeau. Avec Soizic Gourvil, Jean-Michel Fête. Lumières : Mickaël Vigier. Univers sonore : Lionel Haug. Du lundi au samedi à 20 h 30, samedi à 16 heures jusqu’au 23 décembre au Théâtre de l’épée de bois, Cartoucherie, route du champs de manœuvre, 75012 Paris, tél. 01 48 08 39 74, http://www.epeedebois.com/un-spectacle/la-chambre-de-marie-curie/

* cf. http://www.holybuzz.com/2016/04/theatre-fission-de-jacques-et-olivier-treiner-au-theatre-de-la-reine-blanche-a-paris/

Le Théâtre de la reine blanche programme d'ailleurs également une pièce sur Marie Curie, mais sous un tout autre angle, qui mêle vie privée, vie professionnelle et ostracisme : http://www.holybuzz.com/2017/12/theatre-le-paradoxe-des-jumeaux-de-jean-louis-bauer-et-elisabeth-bouchaud-au-theatre-de-la-reine-blanche-a-paris/

Photo : Pierre Francois.

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