Promenade familière.
« Émotions du quotidien », c’est d’abord un rythme. Ce recueil de nouvelles – dix en cent pages – cultive la succession des sentiments, des incertitudes, des possibilités. Pour autant l’atmosphère de chaque récit est bien posée, comme la ligne sur laquelle l’écriture imprime les hauts et les bas de l’humeur.
C’est ensuite une succession de paysage, au propre comme au figuré. On lit et on contemple immédiatement la lande bretonne, le désespoir discret d’un couple, la sensualité gauche d’un homme, l’antre d’un solitaire, le malaise d’une femme…
Ce sont enfin des dialogues auxquels on croit d’emblée tant on les entend en même temps qu’on les lit.
C’est d’accord, Patrice Obert n’est sans doute pas l’écrivain du siècle – cela se saurait – mais il a ce talent qui consiste à nous rendre familiers et vrais des territoires sentimentaux que nous n’avons pas encore explorés. À nous prendre par la main et ne plus nous lâcher, et on sent à travers cette promenade des perceptions toute la tendresse qu’il éprouve pour l’humanité (pas étonnant de ce point de vue qu’il se soit engagé politiquement chez des « cathos de gauche »).
Cette initiation à la grande variété des mouvements de l’âme qui habitent une vie se lit vite et laisse un souvenir doux, comme lorsque assis sur la dune on contemple sans le voir l’océan qui emplit nos oreilles de sa puissante symphonie.
Pierre FRANÇOIS
« Émotions du quotidien, recueil de nouvelles », de Patrice Obert. La Lampe de chevet éditions (editionlalampe.free.fr). ISBN : 978-2-918951-65-0 ; 116 pages ; 10 €.