Théâtre : « Hugo de père en filles », de Filip Forgeau au théâtre de l’épée de bois, à Paris.

Excellent, par Stéphane.
Et si on jouait à réunir post mortem les deux filles de Victor Hugo, que se raconteraient-elles?  Voilà l’étrange pari de Filip Forgeau. Leur histoire est connue, Léopoldine meurt noyée à 19 ans alors que sa sœur n’a que treize ans. Sa mort tragique inspirera à son père  son célèbre poème « Demain dès l’aube ». Adèle c’est l’Adèle H de François Truffaut au destin encore moins enviable. Après l’échec cuisant d’un amour impossible elle  sombrera dans la folie et s’étiolera de longues années durant dans un asile de fou.
Le début n’est pas excellent, mais restez quand même. «Didine» et «Dédé », l’une en noir de deuil et l’autre vêtue du blanc de son mariage inabouti mettent un peu de temps à trouver leur mesure.
Il y a une complicité émouvante, enfantine entre les deux sœurs, mais on ne naît pas impunément filles d’un géant des lettres. C’est surtout dans les moments terribles qu’elles sont remarquables.
Il faut voir Dédé, plongée dans sa folie, jouant à une marelle qui n’existe que dans sa tête. Il faut observer Léopoldine toute en retenue, le regard accablé par la démence de sa sœur.
À travers le dialogue des deux sœurs se dessine en filigrane le visage de Victor Hugo. On est loin du père Hugo en majesté qu’on nous a appris à admirer. L’homme qui apparaît est un père brisé  par le chagrin de la  mort de sa fille et incapable de donner à l’autre l’attention dont elle a tellement besoin.
Ce qui est exceptionnel c’est la qualité de la mise en scène. L’atmosphère des boiseries du théâtre de l’Épée de bois y est pour quelque chose. On n’est plus simple spectateur, on vit vraiment à Guernesey puis à l’asile avec les deux sœurs. C’est un étrange mélange  de bruits de pas, de carillons, de son des vagues, de séances de spiritisme….
La pièce se joue seulement jusqu’au 23 octobre, alors courez y !
STÉPHANE
« Hugo de père en filles », de et mis en scène par Filip Forgeau. Avec : Soizic Gourvil, Laurianne Baudouin et la voix de Daniel Mesguish. Lumière : Michaël Vigier. Son et décor : Lionel Haug. Compagnie du Désordre. Du mardi au samedi à 20 h 30, samedi et dimanche à 16 heures jusqu'au 23 octobre au Théâtre de l’épée de bois , Route du Champ de man
œuvre 75012 Paris, 01 48 08 39 74, http://www.epeedebois.com

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