Théâtre : « Le maniement des larmes », au Théâtre du grand parquet, à Paris

Comme un bateau qui meurt !, par Platon Lagaffe.
Dernier sursaut de fierté avant la fermeture! Le grand parquet, bastion du théâtre de qualité ferme boutique. Je sais c'est triste de voir fermer un endroit chaleureux où on peut encore côtoyer les acteurs en vidant un verre mais c'est comme ça. Raison de plus pour vous précipiter à  la dernière pièce de Nicolas Lambert, pamphlétaire patenté, habitué des lieux.
Dans un monologue jubilatoire (que ses acolytes me pardonnent), il assassine avec méthode, la classe politique engluée dans les méandres de l'affaire Karachi. Délectable séance de Guignol où tout le monde en prend pour son grade : présidents, ministres, marchands de canons, intermédiaires à peine douteux, journalistes si complaisants. Son arme? La vérité. Les faits, rien que les faits étayés par des preuves irréfutables. Ajoutons son fabuleux talent d'imitateur, qui à lui seul vaut le déplacement.
On rit tout le temps sauf qu'il n'y a vraiment pas de quoi rire. Derrière les gros sabots de la comédie du pouvoir avec ses magouilles, ses scandales et ses valises de billets, se dessine l'abîme vers lequel le pays se dirige. Dénoncées les absurdités de la politique d'armement, l'opacité de la démocratie sur les sujets qui fâchent et les impasses des options militaires de la France. A un moment la voix de la raison essaye bien de se faire entendre, si belle, si faible.
Mettons ça sur le compte des attentats, on était à peine une vingtaine dans la salle ce soir là. Courez y. Donnez au talent de Nicolas Lambert le public qu'il mérite.
Platon Lagaffe
« Le maniement des larmes », au Théâtre du grand parquet, à Paris. Avec : Nicolas Lambert, Erwan Temple ou Frédéric Evrard et Hélène Billard ou Eric Chalan. Musique : Eric Chalan. Du 18 novembre au 20 décembre 2015, du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h. Au Théâtre du grand parquet, 35, rue d'Aubervilliers 75019 Paris. Réservation : 01.40.05.01.50 ou www.legrandparquet.net. Métro : Stalingrad.

 Photo : Pierre FRANÇOIS

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