Théâtre en appartement : « We call it love » à Sevran et à Clichy.

Filigrane évangélique.
« We call it love » est un spectacle dur en même temps que marqué par une miséricorde d'autant plus remarquable qu'il prend sa source dans un fait réel. La forme en est originale : en bifrontal. Il faut imaginer une scène de la largeur d'un couloir étroit sur cinq mètres de long et, de part et d'autre, deux rangées de spectateurs. Les éclairages se situent aux deux bouts du tapis et un musicien se tient à une des extrémité. Le style, qu'il soit musical ou oral, est violent*. L'éclairage faible sur les peaux noires augmente cette sensation de descente dans la partie obscure de notre âme. Il faut bien commencer par pécher pour pouvoir être sauvé et, s'il faut risquer une image pour illustrer le déroulement de ce spectacle, on pense immédiatement au baptistère de Saint-Jean-de-Latran dont l'eau submerge le baptisé avant que la pente ne le fasse revenir à l'air libre… La rédemption est ici l’œuvre d'une femme. Si c'est un homme qui en a forcé un autre à tuer, celle-là invite le meurtrier, dans un jeu empreint de tendresse autant que de force, à recouvrer dignité et liberté intérieure. Ce spectacle – est-ce volontaire ? Peu importe ! – illustre la parole de Jean « la vérité vous rendra libre » (Jn 8, 32) d'une façon concrète, artistique, forte. C'est un coup de poing, donné avec un immense talent !
Pierre FRANÇOIS
« We call it love », de Felwine Sarr et Carole Karemera. Mise en scène :  Carole Karemera et Denis Mpunga. Avec : Carole Karemera et Eliane Umhire en alternance, Michel Sengazi. Conception musicale et interprétation : Hervé Twahirwa. Représentations gratuites en appartement à Sevran et Clichy jusqu'en juin aux dates déterminées par les habitants invitant. Tout le monde peut néanmoins s'inscrire auprès du « Théâtre de la Poudrerie » qui gère les réservations : 01 41 52 45 73, www.theatredelapoudrerie.fr.
*En cela, il ne fait qu'illustrer un traumatisme qui ébranla le Vatican lui-même : il s'agissait d'un massacre entre catholiques dans un pays considéré comme « la région où l'évangélisation est la plus avancée. Les chefs sont en majorité catholiques, le clergé local abondant, surtout au Rwanda. L'ensemble nous offre le joyau del'Afrique. » (Histoire universelle des missions catholiques, t.4, Grund, Paris, 1958, page 167). Le séisme est si important que vingt ans après, lors de la visite ad limina des évêques rwandais à Rome, le pape François, le 3 avril 2014, consacre la moitié de son allocution à ce thème. (http://www.vis.va/vissolr/index.php?vi=fr&dl=58b24eb5-3c9e-b5e0-418d-533d52d23c09&dl_t=text/xml&dl_a=y&ul=1&ev=1)

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