Théâtre : « Le maniement des larmes », au Théâtre du Grand Parquet, à Paris

Explosif, par Difouaine
Nicolas Lambert remet ça ! Pour la troisième fois, ce citoyen curieux en mal de vérité explore les spécialités du terroir made in France. Après le pétrole (formidable mise en scène du procès Elf ou la pompe Afrique), le nucléaire (Avenir radieux, une fission française), Le Maniement des larmes présente les contorsions schizophrènes de l’État français concernant l'armement, notamment dans l'affaire Karachi et la mort du colonel Khadafi.
Toujours aussi bien renseignée (une enquête et des reportages très sérieux étayent la pièce – on se demande même parfois comment il a pu avoir connaissance de certains enregistrements), la démonstration est implacable et lumineuse. Nicolas Lambert incarne excellemment presque tous les rôles (hommes de pouvoir, de mains, de l'ombre et de l'écrit), son talent d'imitateur et de comédien y contribue pour beaucoup. Le texte est incisif, souvent drôle (on rit, jaune, devant la mauvaise foi de Sarkozy), mais on en ressort avec la certitude d'être totalement dépossédé de la démocratie et impuissant face au pouvoir. Calendrier oblige : les attentats du 13 novembre renforcent encore cette impression.
Le parterre était peu nombreux mais captif ce soir. Les événements récents ont vidé les salles. Le Grand Parquet continue courageusement à défendre ses spectacles. Merci à cette salle de ne pas avoir cédé à la panique générale, dernier sursaut de fierté avant fermeture. Car, vous le savez sans doute, le Grand Parquet ferme prochainement ses portes. Merci pour tous les moments exceptionnels que nous avons vécus grâce à lui et à son équipe. Le troisième volet de la trilogie "Bleu blanc rouge" de Nicolas Lambert a largement contribué à élever le niveau de curiosité et d'intelligence du spectateur.
Difouaine
« Le maniement des larmes ». Documentation, reportage, textes et mise en scène : Nicolas Lambert. Avec : Nicolas Lambert, Erwan Temple ou Frédéric Evrard et Hélène Billard ou Eric Chalan. Musique : Eric Chalan. Du 18 novembre au 20 décembre 2015, du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h. Au Théâtre du grand parquet 35, rue d'Aubervilliers 75019 Paris. Réservation : 01.40.05.01.50 ou www.legrandparquet.net. Métro : Stalingrad.
Photo : la compagnie Un pas de côté

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