Théâtre : « Sauver la peau », au Théâtre ouvert, à Paris.

Psyché : « Je est un miroir brisé », par Difouaine.
Sur le sol, un miroir craque et crisse sous les pas. C’est notre âme. Une psyché. Celle de tous les personnages : celle du schizophrène qui s’est tué bien sûr, mais aussi celles de ses parents, de sa sœur et son frère prévenants, de l’éducateur qui finit par démissionner du système éducatif, de la « psychiatre-psychologue-la-psychanalyste », de l’auteur. Tous ceux-là sont au bord de la crise de nerfs et, pourtant, on n’entendra qu’un seul cri.  
Non, la violence est ailleurs, pas dans le son ou dans les gestes mais dans les mots, ceux qu’on n’arrive pas à sortir de soi parce qu’on reste muet devant l’indifférence, le manque d’amour ou la bêtise, c’est la violence qu’on retourne contre soi. La violence est aussi dans les situations révoltantes : des parents peu ou mal aimants, pingres et intolérants, de l’institution médicale ou sociale inadaptée, contente d’elle et sourde à la souffrance, de la psychologue victime de ses schémas tout faits.
Comment dire « je » quand on est ou qu’on entoure un schizophrène ?  C’est cette incapacité, cette révolte que le texte de David Soulié et le comédien Manuel Vallade tentent si bien de faire passer par son curieux phrasé. Tout est gris sombre, dans la pénombre. Il n’y a pas d’espoir. La seule couleur de la pièce, c’est le rouge à lèvres du frère, homosexuel travesti, mais qu’on distingue à peine. C’est un beau seul en scène et une belle interprétation, douloureux, sensibles, à fleur de cœur. 
Difouaine
« Sauver la peau » de David Léon. Mise en scène : Hélène Soulié. Avec : Manuel Vallade. Jusqu'au 14 février, le mardi à 19h, du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 18h. Théâtre ouvert : 4 bis, cité Véron, 75018 Paris. Tél. : 01.42.55.74.40  http://www.theatre-ouvert.com. Métro : Blanche.
Photo : Christohe Raynaud de Lage.

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