Théâtre, festival d’Avignon off : « Ravissement, histoire de Bakhita », de juliane Stern à l’Atelier florentin à 11 h 30.

Découvertes bénéfiques.
« Ravissement » est l’œuvre de la même autrice que le spectacle sur le martyre d’Étienne. Cette fois-ci, elle s’attaque à l’histoire de Bakhita, cette ancienne esclave sanctifiée par Jean-Paul II en 2000. La pièce, comme celle sur Etienne, s’appuie sur des éléments biographiques – ici le journal intime de Bakhita, rédigé lorsqu’elle était à Venise chez les religieuses* – pour donner corps à la relation qu’elle a avec l’intendant de ses maîtres. Ils restent toujours à distance, mais une distance qui passe de la méfiance de l’intendant italien au respect, lequel aboutit, in fine, à une forme d’engagement. Et, pour Bakhita, une distance qui évolue de la soumission à l’affirmation de sa personne au fur et à mesure qu’elle se découvre aimée de Dieu et libre sous son regard. La différence des cultures est bien mise en valeur, l’humanité des protagonistes aussi. Il est notable que ce résultat repose entièrement sur le jeu des deux protagonistes, le décor étant aussi spartiate que dans la pièce précédente. La comédienne est complètement dans son personnage, tandis que le comédien, en plus de son rôle d’organisateur terre à terre, interprète – avec autant de vérité – toutes les personnes, hommes ou femmes, qui gravitent autour d’eux deux.
Le texte est à la fois poétique et descriptif. C’est aussi, entre autres, une méditation crescendo sur l’histoire de Joseph vendu par ses frères. C’est dit simplement, concrètement et sans le moindre dogmatisme. Elle raconte ses épreuves et il lui montre en quoi il existe un parallèle entre son sort et celui de Joseph.
Vue en avant-première et dans de mauvaises conditions acoustiques, on pouvait pourtant déjà imaginer la belle dimension que cela prendra dans une vraie salle de théâtre. Quant au public de ce jour-là, peu habitué au théâtre et familier des dures conditions d’existence, il était complètement parti dans l’histoire.
Rencontrée juste après sa prestation, la jeune comédienne, Elsie Mencaraglia, explique combien le rôle l’a touchée. Elle a senti ce qu’il y avait de « très puissant » dans le personnage, au point que cela l’a obligée à réfléchir à ses propres croyances. Quant à son partenaire, Benoît Cassard, il salue la complicité qui s’est très vite établie entre eux malgré la différence de génération. Avec pour résultat de « passer de l’interrogation à la création du lien », étant entendu que « c’est la même chose dans la pièce, avec les préjugés en plus ».
Pierre FRANÇOIS
« Ravissement, histoire de Bakhita », de Juliane Stern. Avec Benoît Cassard et Elsie Mencaraglia. Du 3 au 21 juillet : Avignon, Festival off – Atelier Florentin, 11 h 30.
Claire Eloy, chargée de diffusion : 06 84 48 97 04, diffusion.theatrepneumatique@gmail.com, www.theatrepneumatique.fr

*Voir https://www.holybuzz.com/2023/12/theatre-je-verrai-le-ciel-ouvert-actes-detienne-martyr-de-et-mise-en-scene-par-juliane-stern-en-tournee/ et https://www.holybuzz.com/2023/06/theatre-festival-davignon-je-verrai-le-ciel-ouvert-actes-detienne-martyr-de-et-mise-en-scene-par-juliane-stern-au-theatre-tremplin-dans-le-off/
** et aujourd’hui édité aux éditions Salvator.

Photo : Théâtre pneumatique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *