Exposition : « Éléments, première partie », jusqu’au 29 octobre à la galerie d’art « le Comœdia », à Brest.

Deux démarches.
Le Comœdia est un lieu mythique de la ville de Brest, orné sans doute d’une des plus belles façades de cette ville entièrement reconstruite après-guerre en béton et avec des rues à angle droit, comme aux États-Unis. Pensez-donc : une façade des années quarante, un théâtre puis un cinéma et l’assassinat de son directeur en 1974, une survie jusqu’en 1991, enfin, une fermeture de 30 ans, cela a de quoi faire fantasmer.
En 2019, il rouvre sous la forme d’une galerie d’art contemporain. Le résultat, si l’on en juge par l’exposition en cours, est convaincant. Non pas que l’on adhère obligatoirement à l’ensemble des œuvres présentées, mais toutes dégagent une force certaine.
Deux des artistes présentés ne feront pas partie de la seconde partie de l’exposition « Éléments » et sont remarquables par la maîtrise de leur art et… la différence de leurs démarches.
Yves Picquet est capable de s’exprimer de façons si différentes que l’on a peine à lui attribuer la paternité de toutes ses œuvres. Tantôt, il travaille le tissu plié dans des nuances pastel non figuratives, tantôt, il offre à voir de grands aplats en relief, tantôt, il s’exprime seulement à travers des lignes blanches sur fond noir. Et, parfois, le viseur d’un appareil photo détecte un visage dans une de ses œuvres alors qu’il revendique de ne pratiquer que l’abstraction… Il est en recherche permanente, manifestant selon les œuvres une fragilité aérienne ou une force minérale.
À l’opposé, Matthieu Venot trace un unique sillon, celui d’un graphisme architectural strict et de couleurs uniformes, n’acceptant la nuance que pour marquer parfois les ombres. D’un point de vue technique, c’est un gros travail, entre le redressement des perspectives, la composition avec un sujet on ne peut plus immobile (des façades ou des murs) dans un format difficile (le carré) et la capture de l’éclairage idéal au bon moment de la course du soleil ou de la lune (même si l’on devine un travail de retouche ensuite). Pour autant, on n’a pas vu toutes ses photos une fois que l’on en a vu une dans la mesure où il joue avec une infinité de compositions possibles. Seul regret : la quasi-absence de l’élément humain dans des environnements qui le suggèrent pourtant, mais cela est logique avec sa démarche.
Pierre FRANÇOIS
« Éléments, première partie », exposition jusqu’au 29 octobre à la galerie d’art « le Comœdia », 35, rue du Château, 29200 Brest, tél. 02 98 20 88 92, www.artcomoedia.fr. Ouverture du jeudi au samedi de 14 heures à 18 heures.

Oeuvre : Yves Picquet.

Photo : Pierre François.

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