Destins incertains.
Trois femmes. Trois destins. Qui basculent. Une infirmière. Une présence. Un catalyseur. On est dans un service de maternité. En Suède : la blondeur, mais aussi quelques chansons et soliloques l’expriment.
Il y a celle qui vient épanouie et qui attend avec impatience que le bébé veuille bien sortir. Il y a celle qui l’a perdu en arrivant. Et il y a celle qui aurait bien voulu le perdre.
Il y aura celle qui ne comprend plus le sens des choses, celle qui va se réconcilier avec elle-même et celle qui parlera enfin au père.
Entre temps, un accouchement invisible aura eu lieu. Fait de sentiments, de sensations, de confidences et de discrétion. Celui de ces femmes à elles-mêmes.
L’on croit aux personnages dès la première minute. Les lumières et musiques renforcent l’atmosphère, au début clinique et froide, puis de silences qui se sont enrichis de tout ce qui leur a été confié. Le rythme est régulier, ritualisé par la répétition des tâches comme des nuits. On avance avec ces femmes dans l’appréhension du mystère, une appréhension forcément incomplète, faite de recherche de sens comme de remise confiante aux forces de la vie ou encore de citations bibliques. Avancer sans être jamais arrivé, n’est-ce pas là la vie, tout simplement ? Que l’action se passe entièrement dans un service de maternité prend alors une dimension d’autant plus forte.
Pierre FRANÇOIS
« Au seuil de la vie », d’après « Nära livet », d’Ulla Isaksson pour le film d’Ingmar Bergman. Traduction : Marie Hägg Allwright et Alice Allwright. Adaptation et mise en scène : Hélène Darche. Avec Pernille Bergendorff ; Pénélope Driant, Sofia Maria Efraimsson, Gwladis Rabardy. Musique : Jason Meyer. Lumières : Arnaud Bouvet. Du dimanche au mardi à 19 h 15 jusqu’au 24 mai au théâtre Les Déchargeurs, 3, rue des Déchargeurs, 75001 PARIS, tél. 01 42 36 00 02, https://www.lesdechargeurs.fr/spectacles/au-seuil-de-la-vie/
Photo : Pierre François.