Théâtre : « Gervaise » d’après Zola au théâtre du Nord-Ouest.

Mémoire, par Clara.
Seule en scène, Gervaise se raconte. Avec ses mots, elle commence son histoires par les meilleurs souvenirs, ceux d'un fastueux mariage et de son banquet. Elle fait apparaître à nos yeux les invités et les plats succulents. Elle se souvient en premier d'un bonheur éclatant, sans faille, alors que, encore jeune et naïve, elle croit s'être mise à l'abri du danger. Elle ne demande pas grand chose mais juste un gentil mari, un travail lui permettant de vivre sans honte et un petit chez soi confortable.
Elle pense avoir réussi en devenant patronne d'une blanchisserie parisienne : La petite provinciale, mère célibataire, venue à Paris pour sortir de la misère tient sa revanche sociale.
Ses souvenirs s'égrènent au rythme des anecdotes qui lui reviennent en mémoires, pas forcément dans l'ordre chronologique du livre (L’Assommoir d’Émile Zola) mais dans une spontanéité qui met en lumière, alors qu'elle est à l'hiver de sa vie, les événements les plus marquants de sa pauvre vie et qu'elle lutte encore et toujours pour assurer sa subsistance.
On se retrouve emporté dans l'univers parisien du 19e siècle où se mêlent les expressions de Zola, des notes d'humour qui allègent un peu l'histoire et la gouaille populaire de l'époque. Le propos reste lourd et pesant, l'avenir s'assombrit.
Malgré ses combats quotidiens, Gervaise paie le prix fort pour ses erreurs, ses mauvais choix et parfois ses abandons.
Avec ses seules forces et une foi de charbonnier, elle essaye de trouver sa place dans une société sans sécurité sociale ni assurance chômage. Son combat est, malheureusement, perdu d'avance, à l'image de tous ces gens du peuple laissés pour compte.
Sitôt le doigt dans l'engrenage, un tout petit verre d'absinthe juste pour goûter, la dégringolade commence, qui la rendra alcoolique, dépendante, SDF. Chute inéluctable dans le caniveau ; elle perd tout.
La comédienne parle vrai et porte un texte fort, amer et triste avec justesse pour rendre un dernier hommage à tous les oubliés, aux destins pire que celui d'un chien, qui s'effacent du monde, oubliés de tous.
On redécouvre ce classique de la littérature française sous un aspect beaucoup plus personnel, subjectif et poétique !
Clara
« Gervaise », de Claude-Frédérique, d’après « L’Assommoir » d’Émile Zola. Mise en scène : Marie-Véronique Raban. Lumières : Guillaume Tavi. Avec Claude Gentholz et la voix de Gérard Cheylus. En alternance jusqu’au 7 octobre au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris, métro Grands-Boulevards, tél. 01 47 7032 75, www.TheatreDuNordOuest.com

Photo : Pierre Francois.

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