Festival de théâtre de rue Parade(s) à Nanterre

Sourire permanent.
Impossible de parler de « Parade(s) » sans sourire. « Parade(s) », c'est une fête populaire dans la meilleure acception du terme : familiale et dont la programmation est assez diverse pour réjouir chacun. Le tout à deux pas de Paris puisque dans les rues et parcs du vieux Nanterre. Nanterre où il y a cinquante ans… il était donc pratiquement impératif de célébrer ces journées estudiantines folles qui ont changé le visage de notre société. C'est Gilles Rhodes qui s'y est collé. Avec les musiciens de sa troupe de théâtre de rues, il a alpagué quelques étudiants auxquels il a fallu expliquer de quoi il s'agissait, quitte à se référer à l'actualité pour montrer que l'esprit n'en est pas mort. Tout ce beau monde joue un texte adapté de la pièce « 10 mai 68 », écrite à l'époque par Luc de Goustine, collaborateur de France catholique. « Libérez nos camarades », « libérez la parole », « libérez les CRS » sont quelques uns des refrains qui complètent ici ceux de Nougaro (« Paris mai », « Bidonville »). Si le recours à des étudiants complètement amateurs a pour résultat un jeu plutôt manichéen – mais n'était-ce pas justement l'esprit du moment, cet affrontement idéologique sans aucune concession ? – ce spectacle exhale une ambiance de happening et d'utopie aussi optimiste que sincère (raison pour laquelle les syndicats sont à peine moins épargnés que les CRS ou le « général-président »).
Dans un genre tout-à-fait différent, même s'ils font également référence au passé, les frères Jacquard « détricotent et reprisent tous vos vieux tubes » dit le programme ; dans un mode funky, prétendent-ils. Cette présentation est bien sage. Il s'agit ni plus ni moins d'un sabotage aussi joyeux que délirant d'airs connus (par exemple « Que je t’aime » ou « Ne me quitte pas ») et de mariages de carpes harmoniques avec des lapins auteurs à moins que ce ne soit l'inverse. Pour ceux qui ne connaîtraient pas les œuvres d'un certain Carlos Jackson, cette création loufoque présentée dans un style clownesque élégant et poétique (comme le reste d'ailleurs) fait partie des morceaux de bravoure à ne pas rater. La performance musicale n'est pas en reste : si ces joyeux drilles font rire par leur inventivité, ils inspirent le respect du fait qu'ils font absolument de qu'ils veulent avec leur voix. En particulier, deux d'entre eux ont une capacité inhabituelle à monter dans les aigus.
« Parade(s) », c'est cela et bien d'autres choses encore. En matière de théâtre de rue (évidemment), de théâtre d'image, de cirque et d'acrobatie, de danse, de spectacle musical, d'installation, de marionnette et de théâtre d'objet, le tout gratuitement. Mais impossible de rendre compte ici d’un festival qui, tel un météore, revient chaque année en faisant découvrir à chaque fois de nouvelles créations et provoque toujours la même bonne humeur. Les journaliste eux-mêmes, qui sont pourtant souvent blasés, ne ratent pas l’occasion d’y revenir régulièrement… Du fond du cœur, merci.
Pierre FRANÇOIS
« Parade(s) », festival des arts de la rue.

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