Théâtre, festival d’Avignon off : « Nature morte dans un fossé », de Fausto Paravidino à 16 h 30 au Théâtre le Pandora.

Burlesque moderne.
« Nature morte dans un fossé » est d’un point de vue formel un dialogue – réussi – entre vidéo et jeu théâtral. Qui a, parfois, quelques conséquences sur l’incarnation des personnages, autant que le fait de leur faire jouer les didascalies et leurs interlocuteurs en plus de leur propre rôle. Mais l’intérêt de la pièce est moins dans l’authenticité des personnages (très réelle pour ce qui concerne le père, l'inspecteur et le revendeur de drogue) que dans ce qu’on apprend ou devine sur eux et la vérité des situations. Ainsi que dans la façon dont le rythme de la pièce amplifie le suspense. Car il s’agit là d’une affaire policière, dont le style tient à la fois des Pieds nickelés, de Quentin Tarantino et du roman-photo.
On avance par tableaux successifs dans un monde glauque – on pense ici au cadavre de femme retrouvée nue et sanguinolente dans un fossé – mais comique tant il est exagéré, notamment dans les aventures des petites arsouilles vendeuses de drogue. En cela on rejoint, spécialement à la fin, le procédé des comédies italiennes selon lequel lorsqu’on croit avoir atteint le pire, il y a encore un rebond. La musique est très présente, il arrive que des personnages hurlent, mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est là le choix de mise en scène, et il est efficace. Le vocabulaire employé est familier, voire plus, mais on reste dans la même logique consistant à créer un effet de loupe pour déclencher le rire. On l’a compris, on est là dans un style burlesque au sens premier du terme, version moderne. Les amateurs apprécieront, les autres risquent d’être désarçonnés.
Pierre FRANÇOIS
« Nature morte dans un fossé », de Fausto Paravidino, traduit par Pietro Pizzuti. Avec Gwanaëlle Herault, Mehdi Harad, Romain Pirosa, Melchior Carrelet, Isabelle Couloigner, Raphaël Beauville, Clémence Boisnard (dans le rôle projeté sur écran). Mise en scène : Céline Lambert. Du 7 au 30 juillet à 16 h 30 au Théâtre le Pandora à Avignon.

Photo : Pierre Francois

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