"Bienvenue au cabaret des âmes perdues"
Où "l'étrange terreur", aux lèvres, suspendue,
S'insinue, comme un poison brûlant, dans l'esprit
De celui pour qui la beauté n'a pas de prix.
Un portrait où l'artiste "y met trop de lui-même",
Où le peintre se révèle tandis qu'il sème
Ses gouttes d'huile sur une toile à problème
Qui prend vie, s'abîme dans un luxe bohème.
La "Condition des Soies",
De grands acteurs, reçoit.
Une fascination,
Qui s'emplit d'émotion,
S'écoule dans nos veines,
S'anime de la haine
Qui croît au fil des scènes.
Le jeu en vaut la peine.
L'enjeu, en nous, déchaîne
De complexes pensées
Qui nous laissent oppressés
Et en admiration
Devant la mise en scène.
Une pièce d'une incroyable cruauté
Qui n'a d'égale que l'illusion de beauté.
Des sentiments confus troublent l'entendement
Égaré dans la "pureté et l'innocence"
D'un visage où les éternels traits de jouvence
Agressent la morale et n'ont rien de charmant
Que le nom qu'on lui prête en ses agissements.
Quand "le miracle de la beauté éternelle"
Masque l'ignominie hideuse et bien réelle,
C'est l'interprétation, hautement démoniaque,
Qui, aux oreilles et au cœur, superbement, claque.
Béatrice CHALAND
"Le Portrait de Dorian Gray". D'après l'unique roman d'Oscar Wilde. Adaptation, Mise en scène Thomas Le Douarec.
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Photo : Pierre Francois.