« Je l’appelais Monsieur Cocteau », de Carole Weisweiller au Studio Hébertot à Paris.

Bonté princière.
« Je l'appelais monsieur Cocteau » est une pièce pleine d'une émotion aimante. Celle d'une femme – Carole Weisweiller – qui se souvient qu'étant enfant puis jeune fille elle eût la chance de fréquenter Jean Cocteau, qui logeait alors chez sa mère.
C'est Bérengère Dautun – de la Comédie française – qui a adapté le livre de cette dernière et qui l'incarne sur scène. Elle évoque les souvenirs, regroupés autour de thèmes correspondant aux différentes époques de sa vie en compagnie du prince des poètes. L'émerveillement de l'enfant domine toutes ces périodes, même lorsque la jeune fille devient capable d'analyser les causes de la brouille de sa mère avec Cocteau. On sent combien cette vie a pris pour elle les allures d'un conte de fée. Combien aussi elle a été à même d'apprécier l'esprit rocambolesque, malicieux et plein de bonté de son idole. On vit presque avec elle la façon dont son regard a évolué sur le monde des adultes et sur lui au fur et à mesure de sa croissance.
En écho, Guillaume Bienvenu incarne un Cocteau éternellement jeune, éternellement admiré, éternellement généreux. Son rôle est d'illustrer plus que de donner la réplique. Et il y est aussi juste que Bérengère Dautun l'est dans le sien, à mi-chemin entre la femme qui évoque ses souvenirs et la conteuse.
On se laisse d'autant plus facilement prendre par cette – longue – tranche de vie que pour une fois elle met en valeur une humanité positive. Quelqu'un qui confesse : « mon bonheur est simple : j'aime aimer et je hais la haine », ce n'est pas si fréquent. On finit par se demander si cet homme avait des défauts(1).
Les projections de ses fresques tant à la villa Santo-Sospir de Saint-Jean-cap-Ferrat que dans les chapelles Saint-Pierre de Villefranche-sur-mer ou Saint-Blaise-des-simples de Milly-la-forêt tombent juste. En effet, elles ne prennent jamais le pas sur les rôles des comédiens, au contraire elles contribuent à donner chair à leurs propos.
Bref, c'est plein de sensibilité, c'est juste et on apprend des choses. Que demander de plus ?
Pierre FRANÇOIS
« Je l'appelais Monsieur Cocteau », de Carole Weisweiller, adapté par Bérengère Dautun. Avec Bérangère Dautun et Guillaume Bienvenu. Mise en scène : Pascal Vitiello. Du mardi au samedi à 19 heures, dimanche à 17 heures au  Studio Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris, métro Rome ou Villiers, tél. : 01 42 93 13 04, www.studiohebertot.com.

(1)Même Jean Marais qui le connaissait bien écrit : « en 25 ans d'amitié que j'ai eu avec lui, je ne lui ai trouvé qu'un seul défaut, c'est-à-dire me trouver toutes les qualités que je n'avais pas… ».

Photo : Lot.

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