Théâtre : « les Vœux du cœur » au Théâtre La Bruyère à Paris.

Sacré et sentiment.
« Les Vœux du cœur » est une pièce réussie, intelligente et drôle. La preuve ? Les athées rient autant que les croyants et inversement. Parce que l'auteur a su dépeindre des convictions, des élans, des émotions, avec justesse et sans la moindre méchanceté. Quand on voit arriver le comédien qui joue le prêtre on croit voir le curé de notre paroisse venir à notre rencontre. Et les états d'âme des deux hommes qui veulent faire bénir leur union n'ont rien de caricaturaux. Le texte est une vulgarisation de la théologie de l’Église et de la façon dont certains prêtres la vivent d'un côté, des motivations d'un couple homosexuel et de la façon dont ils se débrouillent pour adopter de l'autre.
De chaque côté, les choses sont montrées avec sensibilité et tendresse. Il n'y a qu'un poncif auquel l'auteur a cédé : celui de présenter la femme comme tentatrice. Car la sœur de l'un des deux hommes est la seule à être capable de mettre sous le nez d'autrui la carotte qui fera avancer ou le caillou qui fera chuter.
Le jeu est criant de vérité. On croit à tous les personnages dès qu'ils entrent en scène, avant même qu'ils ouvrent la bouche. Si le décor seul n'est pas cohérent (que vient faire un siège bas et large au milieu de meubles d'église? Le coffre en bois peut certes évoquer un ameublement de sacristie, mais  on le sent surtout faire symétrie avec le précédent, d'autant plus qu'il ne sert jamais), il est très bien complété et valorisé par des projections qui permettent de se croire en différents endroits.
Le rythme de l'ensemble n'est ni trépidant ni lent, les comédiens ont su trouver le bon équilibre qui permet de ne pas s'ennuyer tout en ayant le temps de savourer chaque situation. On se demande inévitablement comment cela va finir tant on sait les situations bloquées sur le point précis du mariage homosexuel et la fin n'est ni une victoire ni une défaite, simplement la démonstration qu'il est possible de rester frères en humanité, au-delà de différences qu'il ne s'agit pas de nier.
Réussir cela tout en faisant régulièrement rire le public est un tour de force tant du point de vue de l'écriture que du jeu, chapeau !
Pierre FRANÇOIS
« les Vœux du cœur », de Bill C. Davis. Adaptation française : Dominique Hollier. Mise en scène : Anne Bourgeois. Avec Julien Alluguette, Bruno Madinier, Davy Sardou, Julie Debazac. Du mardi au samedi à 21 heures, matinée samedi à 15 h 30 au Théâtre La Bruyère, 5, rue La Bruyère, 75009 Paris, métro Saint-Georges, tél. : 01 48 74 76 99.

Photo : Lot.

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