« La Place du chien » est une pièce dans laquelle derrière un dévergondage apparent se nichent de vraies questions au sujet de nos préjugés sociaux ou affectifs. De là à dire qu’elle est féministe ou anticoloniale, il y a un pas qu’on ne franchira pas : elle ne fait que reprendre des débats immémoriaux sur la possibilité des femmes à prendre des amants avec autant de facilité que les hommes prennent des maîtresses ou sur la réputation d’étalon des Africains, entre autres lieux communs… Mais il y a là à la fois un vrai talent d’écriture et une façon réussie de provoquer le rire au sujet de nos idées reçues sans que jamais il ne soit gras.
Le chien, rôle muet merveilleusement interprété, est le prétexte, le catalyseur, d’un affrontement entre des cultures et des attentes différentes quant au rôle de l’homme et de la femme dans le couple.
L’homme – noir – et la femme – blanche – s’aiment, c’est sûr, mais chacun à sa manière, avec ses propres schémas culturels, jusqu’à ce qu’advienne l’irréparable, pour lui d’abord, pour elle ensuite. Car l’auteur-metteur en scène, après nous avoir mené à travers une série de situations toutes plus comiques les unes que les autres, s’appuie sur une réalité tout aussi prégnante pour conclure, mais dans un style qui nous ramène à une évidence : tout cela n’est pas que risible, il y a des enjeux graves et bien réels derrière cette comédie de la vie, ces essais de compréhension mutuelle, ces revendications enracinées dans nos natures.
Pierre FRANÇOIS
« La Place du chien, sitcom canin et postcolonial », de Marine Bachelot. Avec Yoan Charles, Lamine Diarra, Flora Diguet. Mise en scène : Marien Bachelot. Du 8 au 13 avril à la Maison des Métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 75011, Mº Couronnes ou Parmentier, tél. : 01 47 00 25 20, reservation@maisondesmetallos.org
Photo : C. Ablain.
