Chaque samedi, une prière issue d’une tradition différente.
La puissance humaine est très limitée, et infiniment surpassée par la puissance des causes extérieures. Et par conséquent, nous n’avons pas le pouvoir absolu d’adapter à notre usage les choses extérieures. Cependant les choses qui nous arrivent et sont contraires à ce que demande la raison de notre utilité, nous les supporterons d’une âme égale si nous prenons conscience que nous avons rempli notre fonction, que la puissance que nous possédons ne pouvait pas s’étendre assez loin pour les éviter, et que nous sommes une partie de la Nature totale, dont nous suivons l’ordre. Si nous comprenons cela clairement et distinctement, cette partie de nous-même qui se définit par l’intelligence, c’est-à-dire la meilleure partie de nous-même, en sera pleinement satisfaite, et s’efforcera de persévérer dans cette satisfaction. En effet, en tant que nous comprenons, nous ne pouvons désirer que ce qui est nécessaire, et nous ne pouvons trouver de satisfaction absolue que dans le vrai. Et par conséquent, dans la mesure où nous comprenons bien cela, l’effort de la meilleure partie de nous-même est d’accord avec l’ordre de la Nature entière.
Spinoza, L’Éthique, 3e partie, De la servitude humaine ou des forces des sentiments, chapitre 32