Feuilleton : « Chaînon manquant », par LTL : épisode 11.

La mère prit une profonde inspiration et, sachant qu’elle en avait reçu l’autorisation, accepta de leur dévoiler ce qu’elle savait, par son expérience. Elle dit :
— Mes enfants, nous sommes tous différents. Nous réfléchissons, nous agissons, nous aimons et nous donnons différemment. C’est une joie, car cela offre plus de partage, mais cela peut-être un poids, car cela rend le monde plus compliqué. Ces capacités d’adaptation qu’ont gardé jalousement les élites de notre monde, c’est une façon de penser, une façon de se positionner en société. 
Ses deux fils silencieux l’écoutaient avec attention. Elle poursuivit :
— Ils se croient supérieurs. C’est leur problème. Depuis tout petits, on leur a enseigné que le peuple était bête. Ils l’ont toujours cru. Ils s’adaptent en étant capables d’échanger avec n’importe qui. Vous savez, la communication est quelque chose « d’essentiel » sur cette planète. La maîtriser, c’est une force. Et ces élites la manient très bien. Et ils cherchent à conserver ce privilège car leur façon de communiquer est leur trésor. Certaines familles ont donc décidé de se marier entre elles. 
Jean prit la parole :
— Mais, à t’entendre Maman, on dirait que c’est mal, de communiquer. Si c’est une force, cela devrait être positif, non ?
— Mon cher fils, la communication, comme tout outil, peut être utilisée pour aider, ou pour soi. Pour le bien, ou le mal. Or, ces élites, ces castes, se voyant supérieures, refusent de se mettre au niveau du reste de l’Humanité. Et cela se traduit par une forme d’ignorance. Elles ne savent pas ce qu’elles perdent. Car, si le peuple communique moins bien avec sa tête, il communique beaucoup mieux avec son cœur. C’est tout le secret qu’ils ignorent ! Il y a des choses beaucoup plus belles que l’échange de cerveau à cerveau. C’est de cette façon que je vous ai élevés tous les deux. Nous avons fréquenté tout type de personnes : celles qui se vouent à leur tête, celles qui se focalisent sur leur corps et, surtout, les familles qui ont beaucoup d’amour en elles et qui le partagent. 
Ils demeurèrent tous les trois silencieux, quelques instants. Leur mère leur dit :
— Vous n’êtes pas que votre tête.
Paul réalisa que le magicien qu’il avait rencontré lui avait prononcé les mêmes mots. Il dit alors :
— C’est ce que m’a dit le magicien ! Il m’a dit que je n’étais pas comme les autres… Peut-être est-ce pour cela ?
— Que t’a-t-il dit d’autre ? demanda la mère.
— Que… je serai contacté…
Jean fronça les sourcils. Lui aussi avait été visité, mais par des menaces… La mère dit à Paul :
— Mon chéri, ce magicien ne t’a pas menti. Tous les deux serez prochainement contactés et vous aurez bientôt des réponses.
— Sais-tu qui est ce magicien, Maman ? demanda le pilote.
— Je crois au moins deviner d’où il vient et ce qu’il veut.
— C’est-à-dire ?
— Mes enfants, ce magicien fait partie de la communauté dont nous parlions. Il fait partie de ces êtres qui ont un pouvoir et s’amusent à l’utiliser pour épater les foules. Mais… s’il t’a dit de moins écouter ta tête, il a sans doute des qualités humaines. 
— Il a eu l’air de vouloir me prévenir. 
— Oui mon fils. Entre Jean et toi, c’est toi le plus sceptique. Il voulait peut-être t’ouvrir les yeux…
Jean lança :
— Mais cet homme a dit à Paul qu’il serait prochainement contacté… Par qui ? Pour quoi ? 
Sa mère lui répondit :
— Il sera, vous le serez tous les deux, contactés par la confrérie du serpent. Il s’agit d’une organisation secrète qui veille sur notre famille et détient un large éventail de secrets et de réponses… L’accepterez-vous ?
— Bien sûr ! fit Paul.
Il avait toujours été le plus hardi des deux. Jean, plus modéré, ajouta :
— Pourquoi pas… Comment est-ce qu’on s’y prend ? Ils ont un site internet ? Un numéro de téléphone ?
Il fit rire sa mère. Elle leur dit :
— Vous serez appelés quand ce sera le moment. 
— C’est-à-dire ?
— Les enfants, ces choses ne s’organisent pas à la légère. L’important est que, après cette rencontre, vous soyez toujours tels que vous êtes. Peu importe ce qui vous sera révélé, ce qui compte c’est ce qu’il y a à l’intérieur de vous. 
Jean réfléchit et dit à sa mère :
— Maman, je dois te parler de quelque chose.
La mère fut surprise par son air solennel. Il poursuivit :
— Il y a quelques temps, des individus ont laissé un mot sur ma porte. Un mot de menaces. On m’a menacé de se prendre à moi, voire à mes proches, si je continuais mes recherches sur les origines de l’Humanité. Il y avait le symbole du serpent bleu dessus. Donc c’est bien gentil de nous dire que cette organisation secrète nous protège, mais je ne suis pas convaincu.
— Ils ne feront rien ! s’exclama la voix de quelqu’un qui entra dans la pièce.

 

Photo : LTL

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