Test : les « cars Macron »

Frisson aseptisé.
Pour se donner des sensations de tiers-monde, c'est simple : il suffit de prendre un « car Macron ».
Pour qui a voyagé en bus local dans un pays tropical pauvre, les similitudes sont frappantes.
Dans les deux cas ce n'est pas cher et on se traîne tellement que souvent une étape – en face d'une brasserie ouverte au milieu de nulle part – est prévue. En une demi-heure chrono les passagers mangent et vont aux toilettes, qui sont toujours plus sûres que celles qui ont subi les avanies des cahots… et des passagers qui ne les supportent pas.
Dans les deux cas aussi on a la télévision à bord. Les françaises affichent la progression du trajet, façon vol intercontinental, tandis que les asiatiques vous hurlent les bienfaits du roi ou les succès du dernier chanteur à la mode quand ce n'est pas une série larmoyante sur fond d’amours trahies. Plus variées, mais plus problématique pour s'endormir.
À condition de le pouvoir. Car si les cars français imitent en mieux les exotiques (ils ont même l'avantage de proposer le wi-fi, à ceci près qu'ils ne l'ont que quand il y a une borne le long de la route et que le débit est limité, on est à la limite de la publicité mensongère), s'ils sont moins bruyants ou s'ils comportent des ceintures de sécurité, on y est assis sur des sièges en noyau de pêches qui les rendent d'un inconfort formidable. Pire que n'importe quel car birman, laotien ou thaïlandais, conséquences des nids de poule comprises !
Le principal inconvénient tenant au fait qu'au moins les cars tiers-mondistes offrent un spectacle distrayant de vie quotidienne et sociale locale, du car garde-manger ambulant en Birmanie au car couchette sur route en terre battue au Laos. Le car Macron, avec presque tous ses passagers aux yeux rivés sur un écran ou aux oreilles agrémentées d’écouteurs ou de casques ressemblerait presque au car cubain dont les passagers semblent méditer tristement à la façon dont l'oncle Sam va les manger, de préférence tout cru.
Pierre FRANÇOIS

Photo : Pierre François

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *