Théâtre : « Seulaumonde », de Damien Dutrait, au Théâtre de Belleville, à Paris.

En tête à tête avec la mort, par David Westphal.
Qui n'a pas rêvé d'une petite conversation avec la mort ? Un tête à tête franc et instructif avec cette faucheuse trop souvent brutale. Un tête à tête pour enfin savoir si la vie a un sens, voire pour régler quelques comptes. C'est un peu de cet inaccesible rêve que nous propose « Seulaumonde » au Théâtre de Belleville.
« Seulaumonde » est un jeune homme de vingt ans, fauché sans raison alors que dit-il, il a plein de choses à faire et qu'il vient tout juste d'apprendre à nager. Oui mais voilà, la camarde passait par là et il observe maintenant d'en haut la scène dont il est le héros et la victime. Prenant à partie celle qui lui a ôté la vie, il enrage, commente, se fait tantôt critique et rancunier, tantôt tendre et rêveur.
Décor et accessoires sont réduits à leur plus simple expression. On ne plaisante pas avec la mort. La scénographie est sobre. La pénombre dominante n'est déchirée que par un bouquet de néons dont Emmanuelle Ramu à la mise en scène fait un partenaire de jeu pour Nelson-Rafaell Madel. Seul en scène, ce dernier oppose à cette lumière crue, inhospitalière, son jeu physique, souple et puissant. Incarnant trois personnages il est particulièrement touchant dans le rôle de la mère du défunt, esquissant sa fragilité avec une grâce étonnante et toute féminine.
Ne vous-y trompez pas, cette fable n'est en rien sinistre. Son jeune auteur Damien Dutrait y joue avec les images de son enfance, ses questionnements, ses doutes sur la transmission et l'amour. L'humour fait aussi partie du voyage et dans l'attachement de « Seulaumonde » au fait de savoir enfin nager, on peut voir comme une allégorie des quelques aptitudes qu'il est préférable de posséder pour aller plus loin dans la vie.
Alors oui, le jeune théâtre est bien vivant et mérite un détour par Belleville.
David Westphal.
«Seulaumonde» de Damien Dutrait. Mise en scène, Emmanuelle Ramu. Avec Nelson-Rafaell Madel. Scénographie et lumières, Nicolas Delarbre. Assistanat lumières, Pascale Renard. Collaboration sonore, Nicolas Cloche. Théâtre de Belleville. Du 6 novembre au 22 novembre, à 19h15. Réservations 01 48 06 72 34 – www.theatredebelleville.com