Musique : « Festival Villes des musiques du monde 2015 » du 10 octobre au 8 novembre.

Héritage de tolérance.
Qu'ont en commun la Reconquista, l'Inquisition et l'expulsion des Juifs d'Espagne ? Réponse : la musique arabo-andalouse et toutes ses variantes, dont la plus connue est le Flamenco. C'est pour faire vivre un esprit de fraternité dans une société de plus en plus fractionnée que le directeur de « Villes des musiques du monde » a choisi de consacrer son festival à cette musique, elle qui puise ses sources autant dans la culture chrétienne que juive ou arabe. Son slogan est d'ailleurs « L'Andalousie des trois cultures ». Concerts, bals, projections, expositions, et même une nouvelle scène destinée au jeune public, tout concourt à créer un esprit de connivence et de fête pour chacun, quelle que soit sa culture d'origine. Pour y arriver, il décline le flamenco sous toutes ses formes : de Séville, d'ici, gitane, judéo-espagnole, de Bénarès ou en fusion.
Car il ne se réfère pas qu'à l'âge d'or d'une civilisation tolérante et savante – Al-andalus – qui sut donner leur place tant aux savants orientaux qu'aux philosophes grecs ou aux juristes juifs sans oublier les artisans chrétiens et les artistes de toutes ces cultures.
Il fait vivre aussi l'actualité de ce legs, c'est pourquoi il invite les différentes descendances artistiques de cette musique. Car si le oud – lointain ancêtre du violon – est arrivé de Bagdad en 822 avec Zyriab qui crée le premier conservatoire sur le sol européen, ses successeurs ont retraversé Gibraltar avec dans les oreilles les musiques liturgiques chrétiennes et juives, dont ils vont s'inspirer autant que des rythmes afro-berbères. La musique qui naît alors est encore préservée dans de nombreux conservatoires du Maghreb contemporain. Mais ce sont les Gitans, arrivés d'Inde au XVe siècle qui vont créer ce qu'on nomme le Flamenco, en ajoutant leur inspiration – notamment chorégraphique – aux mélodies des trois cultures déjà citées. Il gagne d'abord les campagnes puis arrive à la cour au milieu du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, il s'est répandu dans le monde entier et ce sont ces différents accents que le festival, qui programme beaucoup de spectacles gratuits, a décidé de mettre en valeur à travers des initiatives aussi diverses qu'une croisière sur le canal de l'Ourcq, un jeu de l'oie, des ateliers cuisine, des causeries… Et, bien sûr, des concerts et bals quotidiens au long du mois que dure ce festival.
Pierre FRANÇOIS
« Festival Villes des musiques du monde 2015 », du 10 octobre au 8 novembre, tél. : 01 48 36 34 02, www.villesdesmusiquesdumonde.com

Photo : Michel Lallier.

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