Théâtre : « Faim », de Knut Hamsun au Lucernaire, à Paris.

Vrai théâtre. « Faim » est une pièce qui marque ! Elle comporte, c'est vrai, des longueurs : on ne délivre pas un monologue d'une heure et demi sans quelques moments de fatigue. Mais cette pièce – c'est vraiment une pièce qui est jouée du début à la fin, pas une lecture qui deviendrait incarnée – est proprement captivante. Cela est en grande partie dû aux évolutions du jeu, du personnage, de la situation qui sont dosées de façon à être imperceptibles. On met plus d'une demi-heure à passer, par exemple, des pleins feux à une lumière tamisée. Et, bien entendu, ce changement ne se fait pas gratuitement à ce moment-là et à ce rythme-là, car tout est lié dans cette pièce, même si le rôle principal est dévolu au texte. Ce récit ne décrit pas la faim de façon directe, au contraire, il nous entraîne dans les arcanes de la conscience de la personne qui en souffre, depuis son échec chez l'usurier jusqu'à sa révolte contre Dieu en passant par les évolutions de son délire.
À chaque fois, la diction est si parfaite qu'elle fait ressentir dans quel contexte on se trouve : récit, rêve, folie. Seul mystère : le décor. On comprend son rôle d'actualisation et comment il soutient le texte dans ses attaques contre la divinité. Mais il reste déconnecté du reste du spectacle, par ailleurs parfaitement cohérent. Il faut néanmoins se presser de réserver pour aller voir ce spectacle : la (petite) salle du paradis est pleine à craquer et la pièce se termine le 25 septembre.
Pierre FRANÇOIS
« Faim », de Knut Hamsun. Avec Xavier Gallais. Adaptation : Florent Azoulay et Xavier Gallais. Traduction : Régis Boyer et Georges Sautreau.
Du mardi au samedi à 21 heures jusqu'au 25 septembre au Lucernaire , 53, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris. Métro Notre-Dame-des-champs, Raspail. Tél. : 01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr.

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