La nuit est-elle propice au long badinage
Et à la joute oratoire d'où se dégage
Un parfum si révélateur de soir d'orage
Que l'électricité traversant l'air fait rage ?
Un Clitandre suffisant, et qui ne ménage
Pas ses effets maniérés, usant du beau langage
Pour parvenir à ses fins, contre tous les usages.
Un double-jeu de séduction qui met en gages
Les pièces d'un puzzle qui se veut à la page.
Profusion de mousseline qui les engage
Sur un terrain vaporeux et loin d'être sage.
Mais l'oiselle referme son joli plumage
Et fait face aux tentatives avec un visage
Qui exprime tout son mépris pour les volages.
Clitandre "entre, dans un singulier équipage",
Dans la chambre de Cidalise, tout en nage
Afin d'abuser, sans penser au mariage,
D'une femme qu'il prétend aimer sans partage
Alors qu'il se donne à chaque coin d'étalage.
Vanité d'un homme qui, la femme, ravage,
Qui se croit tout permis quand il croise un ramage,
Qui ne peut faire autrement que la mettre en cage,
Même si pour cela il faut qu'il la saccage,
En réduisant à néant jupon et corsage.
Un petit goût de Valmont-Merteuil se propage
Dans l'énumération des conquêtes en naufrage
Où défilent toutes les vertus de tous âges
A qui ils n'accordent que le droit au verbiage,
Sans leur laisser le choix d'exprimer leur suffrage.
Un décor choisi, sorti d'un livre d'images,
Beau à contempler, qui délivre des messages,
En découvrant pour nous, un à un, les passages
D'une machination amoureuse aux rouages
Qui, au "Lucernaire", s'achèvent en doux tapage.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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