Musique : « La Marelle, entre ciel et terre, chants populaires du légendaire chrétien », par Les Têtes de chien en tournée.

Légendes.
Une tournée de chants populaires tirés du légendaire chrétien, que cela peut-il bien être ?
Une tradition orale, tout d'abord. Qui, comme toutes les « traditions » – le mot vient du latin « tradere » : faire passer à un autre, transmettre, remettre* – a été enrichie et adaptée tout au long de la chaîne des générations par chacun de ses interprètes en fonction de ses talents particuliers. Les Têtes de chien ne font pas exception à la règle puisque, quant à eux, ils partent d'une monodie pour la chanter en polyphonie. Pour retrouver l'esprit de ces traditions, ils ont pu remonter jusqu'aux années 1920 – date des premiers enregistrements, qui sont en français moderne – puis se contenter de traces. Quant à savoir à quelle époque sont nés les morceaux qu'ils chantent, c'est aussi impossible que de déterminer combien il existe de versions d'« À la claire fontaine ».
Le légendaire chrétien englobe ici tout ce que la révélation a pu inspirer, par exemple dans La Légende dorée ou des récits encore plus éloignés du canon de la foi. Ce qui caractérise ces chansons est leur liberté de ton, voire leur irrévérence, en parlant, par exemple d'un « Joseph cocu ». Parfois aussi, on a affaire à de simples chansons traditionnelles dont on a donné aux héros des noms de saints. Mais, toujours, le point de contact entre ces airs et les Écritures se situe dans l'évocation de la nature et de la vie quotidienne des paysans. Cette vie quotidienne qui est le fameux « aujourd'hui » du Royaume, à la fois déjà là et pas encore accompli. Et ceux qui font directement allusion au canon – à la Passion, par exemple – sont alors plus solennels.
La foi qui transpire de ces chants populaires est celle du charbonnier, portée par l'humour. Elle donne une grande place au corps, par la danse ou le souffle ; ce n'est pas une foi purement spiritualiste, agenouillée.
Le choix des airs composant le spectacle a été assez simple à effectuer pour les Têtes de chien : partant d'un répertoire immense, ils ont d'abord sélectionné les textes parlant de Dieu. Puis est venu le moment de construire une histoire, un cheminement, à partir de la succession des chansons, pour créer un vrai spectacle mis en scène et non un simple récital. Et comme le choix des chansons s'est fait à six – les cinq membres du groupe et la compositrice à laquelle ils ont eu recours pour les arrangements – il a suffi de se mettre d'accord sur les titres qui obéissaient le mieux aux impératifs définis.
Chanter dans les églises et les temples a été un désir dicté à la fois par les dimensions artistiques et techniques de leur travail. Le groupe avait déjà présenté deux spectacles dans les théâtres, il était temps de changer, surtout dans la mesure où le spectacle s'ouvre par une prière presque païenne à Marie-Madeleine. Par ailleurs le groupe chantant a cappella il eût été dommage de se priver des ressources acoustiques de ces lieux spécialement conçus pour porter la voix humaine.
Pierre FRANCOIS
« La Marelle, entre ciel et terre, chants populaires du légendaire chrétien », par Les Têtes de chien, quintette a cappella contemporain pour chansons traditionnelles. Avec : Philippe Bellet, Justin Bonnet, Henri Costa, Didier Verdeille, Grégory Veux. Compositrice : Caroline Marceau. Metteuse en scène : Annabelle Stéfani. Le spectacle sera le 10 avril à l'église réformée de Pentemont, 106, rue de Grenelle, 75007 à 20 h 30 ; le 12 à l'église Saint-Merry, 76, rue de la Verrerie, 75001 à 18 heures ; le 27 à l'église Saint-Hippolyte, 27, avenue de Choisy, 75013 à 20 h 30 ; le 1er mai à l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, 252, rue Saint-Jacques, 75005 à 20 h 30 ; le 2 au temple du Luxembourg, 58, rue Madame, 75006 à 20 h 30 ; le 3 à l'église du Saint-Esprit, 186, avenue Daumesnil, 75012 à 20 h 30 ; du 15 au 17 mai à Châteauroux. Participation libre aux frais. Pas de réservation. Renseignements : www.reverbnation.com/têtesdechien.
Leur précédent spectacle, La grande ville, est toujours en tournée : le 14 mars à Gagny, le 20 à Versailles, du 14 au 16 mai à Châteauroux, le 20 juin à Aubazine, du 24 au 28 juin à Bordeaux…
www.reverbnation.com/têtesdechien

* de même que celui de ministre dérive de « minister » : serviteur, domestique et que prêtre, en grec, signifiait ancien, vieillard, dignitaire, avant de prendre également le sens, au XVIIIe siècle, de petit poisson, faux éperlan, rejoignant ainsi la symbolique des catacombes ; il y a des réalités qu'il convient de régulièrement se remémorer.

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