Il y a des spectacles qu’il faut se résigner à classer dans les inclassables avec autant de peine que Roxane se résout au mariage avec Christian ! On y sourit en permanence, joyeux d’être confronté à un tel cocktail de poésie, de talent, de joie et de découvertes esthétiques.
Les ovnis, on en voit pas souvent, un spectacle comme « Magic music » non plus. Il est musical, certes, mais décalé : sirène de pompiers au violoncelle, musique zen en tirant une note unique durant un temps infini, recours au bruits – musicaux, bien sûr – d’un paillasson, du nez, des oreilles ou des pectoraux, rien n’effraie les deux complices qui font sans cesse jaillir les sons les plus étonnants comme un prestidigitateur les lapins de son chapeau. Tour du monde sonore, ambiance visuelle délirante et surtout poésie à tous les étages sont les marques de fabrique de ce spectacle inclassable.
Car il présente effectivement dans une ambiance joyeuse une introduction aux musiques de toutes les latitudes ! Les chemins de traverse ne leur font pas peur non plus : pourquoi ne pas parodier au passage « La Cène » de Léonard de Vinci ou la « Pièta » de Michel Ange ? Pourquoi ne pas – aussi – dialoguer avec la salle et l’entendre éventuellement contester ? Et hop, voilà qui est fait au détour d’un air. Comme quoi, le rire et l’enseignement font bon ménage, à condition d’être présentés avec une bonne dose de créativité et de talent. On tient ici un spectacle qui s’adresse aux enfants comme aux âmes d’enfants. Et tous y sourient en permanence.
Parions que d’aucuns tenteront ensuite de jouer l’ouverture de Guillaume Tell avec la semelle de leurs chaussures ou Pierre et le loup avec les galets rapporté des plages de vacances. À moins qu’ils ne veuillent se lancer dans les claquettes avec des dés à coudre. Ce sera seulement le signe qu’ils auront passé un moment tellement merveilleux qu’ils voudront le prolonger.
Pierre François
« Magic music »,avec Frédéric Deville (violoncelle, percussions), Sylvie Fournier (claquettes, comédie) et Sophie Besse (conception lumières). Musiques de Frédéric Deville. Les samedis et tous les jours des vacances scolaires jusqu’au 4 janvier au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre-au-lard, 75004 Paris, métro Hôtel-de-Ville ou Rambuteau, tél. : 01 42 78 46 42.