Illustratif à souhait.
« Les Carnets du sous-sol » sont-ils adaptables au théâtre ? Certains critiques sont tellement convaincus du contraire qu’ils ne se déplacent même pas pour un texte de Dostoïevski. Cette question concerne tout texte philosophique ou religieux d’ampleur. Qui, par exemple, oserait adapter les « Pensées » de Pascal ?
Mais revenons au sujet. Un homme – sans nom – s’interroge. Sur lui, sur la nature humaine, sur sa façon d’appréhender la vie. Reclus volontaire, sa superbe solitude lui permet de se mépriser – ainsi que les autres – à loisir. Au point d’éprouver plus souvent qu’à son tour le vertige de la folie, qu’il vit comme une forme de jouissance fébrile.
L’interprétation de Christophe Laparra est une véritable performance ! Au point que l’on en oublie parfois d’écouter le texte, capté que l’on est par un jeu (oublions l’eau qui goutte et le feu qui crépite, éléments donnant corps au récit) qui traduit parfaitement le personnage aussi torturé mentalement que tortueux dans ses raisonnements, indigne et à moitié fou. Ce n’est pas gênant, dans la mesure où son soliloque est aussi – magie de Dostoïevski – itératif que décousu. Et, pour répondre à l’interrogation introductive, le public a toujours raison et ce n’est pas pour rien que la pièce en est à sa troisième saison.
Pierre FRANÇOIS
« Les Carnets du sous-sol », de Fédor Dostoïevski. Traduction : André Markowicz. Adaptation : Marie Ballet. Avec et mis en scène par Christophe Laparra. Lundi et mardi à 21 heures jusqu’au 20 janvier au théâtre Essaïon, 6, rue Pierre-au-Lard (à l’angle du 24, rue du Renard), 75004, Paris. Tél. : 01 42 78 46 42. Métro : Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet. https://essaion-theatre.com/spectacle/les-carnets-du-sous-sol/
Photo : Clément Soyer.


