Théâtre : « Madame Bovary en + drôle et – long », de Camille Broquet et Marion Pouvreau au Théâtre du marais, à Paris.

Hilarant.
« Madame Bovary en + drôle et – long » est une adaptation comique du célébrissime roman. Inutile d’y chercher une quelconque fidélité (et selon quel critère ?). La perspective est de rendre justice à un texte qui fut le cauchemar de deux élèves de seconde à un âge où les états d’âme de cette femme ne faisaient pas palpiter les adolescentes qu’étaient alors les comédiennes. Elles citent même le nom du lycée et la ville de leur souffrance, le professeur a ainsi toutes les chances de se reconnaître.
Sur scène et visibles dès l’entrée dans la salle, cinq poufs en plastique aux couleurs vives signalent déjà que ce qui suivra échappera à tout classicisme. De fait, le jeu se révèle immédiatement appartenir au genre du pastiche bouffon. Les deux complices se rendent la réplique en endossant tantôt un personnage du livre, tantôt celui de la narratrice, une distance – comique – étant toujours conservée avec les protagonistes campés par Flaubert. Chaque scène est ponctuée par la citation d’un passage, lequel est ensuite interprété. Parfois, c’est même l’absence ou au contraire l’abondance d’un élément qui est jouée.
Les comédiennes s’accordent une grande liberté dans l’interprétation, allant – pour exprimer le bal – jusqu’à un pastiche de danse juive à la façon de Louis de Funès dans « Rabbi Jacob ». Les apartés sont fréquents, quand ce ne sont pas les anachronismes, les jeux de mots ou, plus rarement, le mime.
Si l’on demande aux comédiennes pourquoi elles ont décidé de casser le quatrième mur, la réponse fuse : « Pour rendre l’œuvre accessible ». C’est pour elles une manière de se mettre au même niveau que le public. Ce qui suppose une adaptation aux caractéristiques de celui du soir, et par conséquent une certaine dose d’improvisation. Qu’elles évaluent entre cinq à dix pour cent du texte.
Deux choses sont en tout cas certaines.
D’une part, elles donnent envie de lire le livre, même si elles ne dissimulent pas les écueils qu’il comporte. D’autre part, leur succès est tel qu’après Avignon, elles ont été programmées dès l’année suivante, alors qu’en général la programmation des mois suivant le festival est déjà calée lorsqu’il a lieu. La pièce est jouée à Paris jusqu’à la fin de mars, avant de repartir en tournée. Toutes les dates – et un extrait – sont visibles sur leur site www.camilleetmarion.com
Ce spectacle, qui nous explique qu’en fait le livre de Flaubert est un « petit bonbon acidulé » en est un lui-même. Peut-être est-ce là sa fidélité au livre…
Pierre FRANÇOIS
« Madame Bovary en + drôle et – long », de et avec Camille Broquet et Marion Pouvreau. Mise en scène : Edward Decesari. Un lundi sur deux à 19 h 30 au Théâtre du marais, 37, rue Volta, 75003, Paris. Métro Arts et métiers, Réaumur-Sébastopol, République. Téléphone : 01 71 73 97 83. https://theatredumarais.fr/spectacle/madame-bovary-en-plus-drole-et-moins-long/ ; billetterie.theatredumarais.fr.

Photo : Pierre François.