Peinture : Merab Buliskiria, surréaliste contemporain géorgien.

Entre fantastique et christianisme
Aucun rapport entre la peinture de Miró et celle de Méro, même si ce dernier constate faire partie – plutôt qu’il ne se réclame – du mouvement surréaliste. Il part d’une base figurative, mais pour avancer résolument vers un univers fantastique à connotation biblique qui touche plus l’émotivité que l’intellect. Devant ses toiles, on se demande qui a pu l’inspirer. Dali ? On y pense, mais ce n’est pas cela. Max Ernst ? Même chose. Picabia ? On constate la même liberté quant au choix des styles, mais la sensation produite, plus étrange, n’est pas la même.
Tout cela est parfaitement normal. Car, s’il est venu à la peinture, c’est par touches successives, avec des périodes de maturation entre chacune. Jeune, alors qu’il a six ans, il y a près de la maison familiale de vacances un parent éloigné, qui est sculpteur. Il veut l’imiter, lui demande conseil, se lance un peu et commence à dessiner en même temps qu’il sculpte. La vie continue, sa mère voudrait lui faire faire une école d’art, mais sa grand-mère est contre. Il s’oriente alors vers le football jusqu’au jour – il a 17 ans – où une blessure l’empêche de continuer. Il prend des cours pour passer le concours des Beaux-Arts, qu’il réussit. Y reste un an, en 2018, puis arrive à Paris où il doit apprendre le français, subir la COVID et apprendre la fin de ses fiançailles avec sa douce restée en Géorgie. Le moral en prend un coup, au point qu’il reste reclus dans sa chambre, à lire, pendant huit mois. Un jour, il finit par dessiner le portrait de son aimée, en s’autorisant l’emploi des couleurs. C’est la révélation. Il sait désormais que « là était ma vie ». Depuis, il n’arrête plus.
Ces expériences lui ont permis de se trouver, picturalement parlant. « J’adore l’art académique », explique-t-il, « pourtant, si je dessine des fleurs académiquement, ce sera exact, mais mort ; tandis que si je dessine les couleurs plus que la forme, ce sera vivant ». Sa règle est maintenant de dessiner « ce qui sort » sans se demander s’il suit tel ou tel style.
Comment est-il arrivé au genre fantastique qui est le sien ? Une nuit, il fait un rêve tellement puissant que cela le réveille et qu’il éprouve le besoin de le noter. Rendormi, le rêve se poursuit. Il comprend alors qu’il faut le traduire sur la toile. Aujourd’hui, il sait que son « univers rejoint l’univers global ». Il explique : « Je ne peux pas faire autrement. Je voudrais que mon art, l’art en général d’aujourd’hui et l’art de ceux qui nous ont précédés se rejoignent. » Il constate que « l’art actuel devient plus émotionnel qu’intellectuel, mais il faut les deux ». Sa profession de foi est que « l’art, ce sont des expériences personnelles, c’est la vie, c’est vivant pour toujours. »
Aujourd’hui, à 25 ans, alors qu’il n’a définitivement pris le virage de la peinture que depuis trois ans, il a rendez-vous avec des collectionneurs et un galeriste qui envisage une exposition, éventuellement personnelle…
Pierre FRANÇOIS
Galerie virtuelle : https://www.merabbuliskiria.com

Photo : Pierre FRANÇOIS.

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