Théâtre : « Lisbeth’s », de Fabrice Melquiot à la Manufacture des abbesses, à Paris.

Désir et délire.
On aurait tout aussi bien pu titrer « Les Délices de l’horreur » pour « Lisbeth’s », qui poursuit le sillon stylistique du « Grand cahier », sur une thématique différente. Ici, c’est du coup de foudre d’après rupture qu’il est question. L’exercice de diction – chaque interprète se tient immobile, debout derrière son micro – est remarquable, qui fait passer par la voix tous les sentiments et, surtout, montre comment chacun reste prisonnier de son inconscient, lequel prend plaisir à entretenir in petto un tohu-bohu émotionnel.
La mise en scène est aussi sobre qu’efficace : l’homme et la femme sont à bonne distance l’un de l’autre et – symbole fort – ne se rejoindront jamais, même quand ils racontent faire l’amour. Une musique lancinante souligne le malaise et la façon dont personne ne parvient à se gouverner.
Impossible de ne pas s’identifier à tel ou tel espoir, silence, attitude, émotion, lâcheté, perversion, tant ici le particulier rejoint l’universel. Et tant on croit aux personnages, miroirs à peine déformants de nos vies secrètes. Est-il possible d’aimer sans s’illusionner ou faire naître des désirs ou des cauchemars qui nous dépassent est la question avec laquelle on ressort. Les tripes nouées.
Pierre FRANÇOIS
« Lisbeth’s », de Fabrice Melquiot. adaptation et mise en scène : Valentin Rossier. Avec Marie Druc, Valentin Rossier. Dramaturgie : Hinde Kaddour. Lumière : Jonas Bühler. Musique et sons : David Scrufari. Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis, à 19 h. jusqu’au 11 mai à la Manufacture des abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris, tél. 01 42 33 42 03, manufacturedesabbesses.com. Métro Abbesses, Blanche, Pigalle ; bus 67, 54 et 30. https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/lisbeths/
Photo : Pierre François, d’autres sur https://www.instagram.com/pierrefrancoisphoto/

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