Théâtre : « Et Dieu créa le sport », d’Alexis Chevalier et Marguerite Kloeckner au festival Théâtre à Boulogne.

En chemin.
« Et Dieu créa le sport » pose plusieurs questions.
Sur le fond, on se demande à qui s’adresse cette pièce, qui a pour ambition de contribuer à rapprocher l’Église et le monde du sport à l’occasion des Jeux olympiques. Si c’est de s’adresser au public chrétien, le bénéfice – en termes d’annonce du message chrétien – est faible, même s’il y a aussi des sportifs chez les croyants. Si c’est de s’adresser au grand public, pourquoi donner des verges pour se faire battre en évoquant la création en six jours et si peu la théorie du big bang ? Veut-on réveiller le débat éculé sur science et foi* et donner aux sceptiques l’occasion de rappeler qu’il y a encore 65 millions de créationnistes rien qu’aux États-Unis, 9 % en France et 28 % dans le monde ? Pourquoi citer le psaume 84 (« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ») hors contexte alors que seuls les pratiquants ou les lecteurs de ce livre peuvent saisir l’allusion ? L’expression est belle, aussi magnifique que symbolique même, mais encore eût-il fallu qu’elle coulât de source au milieu du texte dans lequel elle s’insérait. Pourquoi gâcher le début du spectacle avec cette note de bonté à la guimauve (qui fait habituellement passer les chrétiens pour des crétins trop c… parce que trop bons) alors que, justement, la scène d’exposition est géniale dans la façon dont elle prend à contrepied tout ce que l’on attend d’un spectacle, et le public ne s’y trompe pas, qui rit de bon cœur ?
Dans la forme, on se rend vite compte que l’on est face à un travail certes encore vert, mais qui révèle en germe tout ce qui fera une bonne pièce. Car si, à plusieurs reprises, on note que les comédiens ont dû choisir entre bien respecter les instructions relatives aux chorégraphies et habiter le personnage, la fin du spectacle montre ce dont ils sont capables : un travail rythmé, vivant, percutant. Gageons qu’au moment des Jeux – et sûrement avant – ce qui a dû être montré maintenant du fait de la date du festival de théâtre à Boulogne, sera alors parfaitement au point.
Pierre FRANÇOIS
« Et Dieu créa le sport », d’Alexis Chevalier et Marguerite Kloeckner. Avec Alexis Chevalier, Marguerite Kloeckner, Sibylle de Montigny, Grégoire Roqueplo, Thibault Truffert et la voix de Nelson Monfort. https://www.alboflede.fr/et-dieu-crea-le-sport2/
Festival Théâtre à Boulogne du 30/11/2023 au 08/12/2023, Maison Saint-François de Salles, 1 parvis Jean Paul II, Boulogne. Métro Billancourt ; ou métro Porte de Saint-Cloud ou Marcel-Sembat puis bus 42 jusqu’au terminus (Boulogne – Île Seguin). https://www.alboflede.fr/festival-theatre-a-boulogne-2023/

*que l’Église catholique a tenté d’éteindre par des initiatives aussi diverses que les travaux de Theilhard de Chardin, la révision de l’affaire Galilée (discours de Jean-Paul II à l’Académie pontificale des sciences du 31 octobre 1992) ou l’allocution du même Jean-Paul II le 22 octobre 1996, par exemple.

Photo : Pierre François.

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