Théâtre : « Le Chaperon rouge de la rue Pigalle », de Florence Hebbelynck à la Manufacture des abbesses, à Paris.

Documentaire talentueux.
« Le Chaperon rouge de la rue Pigalle » est une pièce documentaire – le metteur en scène est parti de huit heures d’enregistrements pour en faire un spectacle de soixante minutes avec le souci de rester fidèle à l’atmosphère qui s’en dégageait.
Une atmosphère qui n’est ni sordide ni favorable au « métier ». Là est d’ailleurs la raison d’être des enregistrements réalisés par celle qui fut la voisine de « Cathy », une prostituée de la rue Pigalle qui savait raconter son histoire sans fard ni misérabilisme, car elle avait su conserver – et le mot est le bon – sa dignité.
Comment partir de ce matériau brut pour restituer la façon dont elle se disait et celle dont elle était vue par plusieurs personnes qui l’ont approchée : fils de l’auteur, documentariste, membre d’une association contre la prostitution, nièce ? Le parti pris est de ne mettre que deux partenaires sur scène : une comédienne qui joue tantôt – et avec une vérité étonnante – l’intervieweuse ou l’interviewée et un comédien qui interprète tous les autres rôles, masculins comme féminins. Là aussi, on est surpris par la vérité qui se dégage de ses interventions. Lesquelles livrent toutes un point de vue différent, complémentaire des autres.
Le résultat est qu’il se dégage une fraîcheur – on n’ira pas jusqu’à parler d’innocence – inattendue de ce spectacle en même temps qu’il évoque la réalité de l’engrenage qui, pour une fois, a certes emprisonné sa victime, mais ne l’a pas détruite.
De la sorte, en même temps que l’on assiste à une vraie pièce de qualité, l’on est devant un document éducatif qui permet aux spectateurs de parler ensuite un peu plus en connaissance de cause d’un sujet qui donne plus souvent lieu au déversement de phantasmes que de vérités.
Pierre FRANÇOIS
« Le Chaperon rouge de la rue Pigalle », de Florence Hebbelynck. Avec Florence Hebbelynck et Nicolas Luçon. Mise en scène : Stéphane Arcas. Conseiller dramaturgique : Fabrice Dupuy. Création musicale : Steph Van Uytvanck. Travail sur le corps : Maéva Lambert. Création lumière : Xavier Lauwers. Dimanche à 20 heures, lundi et mardi à 21 heures jusqu’au 1er novembre à la Manufacture des abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris, métro Abbesses ou Pigalle, tél. 01 42 33 42 03, courriel : public@manufacturedesabbesses.com. Web : https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/le-chaperon-rouge-de-la-rue-pigalle/

Photo : Pierre Francois.

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