Socio-politique : Les Poissons roses, héritiers des cathos de gauche.

Poissons pilotes.
Les Poissons roses* seraient-ils des poissons pilotes au milieu des anguilles et des murènes ? On se le demande parfois. Ils se disent de gauche, alors on écrit qu'ils sont de gauche, mais avec de sérieuses restrictions mentales quand on connaît leur position sur la GPA (qu'ils englobent dans le concept de « famille durable »), si proche de la Manif pour tous que leur problème est de se manifester sans être récupérés par la droite.
Ils signent l'« Appel pour un nouveau catholicisme social », au bas duquel on trouve mélangés des noms de gauche comme de droite. En s'en apercevant au moment de la publication, certains s'en amusent, d'autres sont un peu gênés. Sans faire de rappel étymologique sur le mot ou historique sur la notion de « doctrine sociale de l'Eglise », c'est peut-être cela, le catholicisme.
Où se situent-ils alors ? Comme une « plate-forme de réflexion chrétienne » dans le droit fil du personnalisme d'Emmanuel Mounier, notion défendue en leurs temps par Paul Ricoeur, Jacques Ellul, Olivier Clément, Charles Péguy, Henri Bergson, Simone Weil ou… Jean-Paul II. Mais, loin de se contenter d'un discours théorique, ils organisent des ateliers, une de leurs idées-phare étant de recréer du lien social ou, pour le dire plus exactement, de la fraternité en cette période de « Gilets jaunes ». La dernière enquête en date, qui est ardue à réaliser de par son thème même et qui n'a pas encore rendu ses conclusions porte sur « les invisibles ».
Ils se rendent compte que leurs idées, qu'elles soient reprises ou non, font leur chemin. De fait, on le constate lorsqu'on rapproche les dates de publication de leurs documents – notamment leur manifeste « À contre-courant », paru au Cerf » en janvier 2016 – et la teneur des discours politiques actuels. Enfin, ils se sentent très proches des Semaines sociales de France, une de leurs différence tenant au fait que les Semaines sociales de France estiment que Laudato Si a une dimension économique et sociale tandis que les Poissons roses y voient aussi un aspect sociétal, explique Patrice Obert, président de ces derniers qui, par ailleurs sent qu'il y a un lien entre crise climatique, mouvement pour l'égalité des sexes et crise de l’Église.
Pierre FRANÇOIS
*http://poissonsroses.org/