Festival : Futur composé, millésime 2018.

Festival biennal.
Le « Futur composé » est un festival déjà connu de nos lecteurs. Il met sur scène ou accroche aux cimaises les talents de personnes marginalisées par l’autisme, principalement. Cette année, on retrouve le spectacle habituel au Théâtre des variétés – cette fois-ci sur Jeanne d’Arc – ainsi que l’exposition Zig zag color. Même si leur participation est passée, il serait injuste de ne pas donner un coup de chapeau à la troupe du Théâtre de la remise qui a joué « Si ce n’est toi », sur le syndrome de Williams. Ainsi qu’à tous les artistes qui se sont succédé à la Ferme du buisson le 9 juin : la chorale des Vives voix, le film documentaire sur l’élaboration d’une pièce pour le festival en 2016, le bal organisé par le Théâtre du Cristal, la poésie théâtrale de la Cie mixte 3 petits points suspendus ou le concert rock du groupe Astéréotypie. Il faudrait encore parler de l’attrape rêve qui a eu lieu à l’académie Fratellini. 
Mais qu’est ce qui pousse toutes ces personnes à s’engager dans cette aventure, spécialement celle d’une pièce éphémère ?
Cette année, la question a été posée à un psychomotricien qui a candidaté avec deux adolescents soignés dans son service d’hôpital de jour pour s’adjoindre au groupe. Certes, il avait déjà fait un atelier de théâtre et entendu parler de l’initiative du Dr Gilles Roland-Manuel. Ou des effets bénéfiques d’une activité artistique. Mais à l’entendre on comprend bien qu’au-delà de ces raisons raisonnables, il y en a d’autres, beaucoup plus humaines et profondes. Tout d’abord le fait qu’« on est tous au même niveau, à s’entraider, sans prééminence des uns sur les autres ». Ensuite, il y a cette « ouverture à l’autre qui se vit dans le travail accompli ensemble et la possibilité de contacts divers ». Un travail tellement prenant qu’ils n’ont pas le temps de parler boutique, ce qui est également apprécié, et qui aboutit chez les adolescents à un sentiment de liberté et d’autonomie qui ne leur fait que du bien.
Pierre FRANÇOIS
Festival du Futur composé, cour de Venise, 12, rue saint Gilles, 75003 Paris, tél. 01 44 54 20 54, https://www.festivalfuturcompose.org/archives/category/festival-2018/theatre-des-varietes-27-06


Le spectacle : « Jeanne d’arc »


« Jeanne d’arc », dans le cadre du festival du Futur composé, est une pièce étrange. Un enchâssement simple, comme celui du spectacle sur la troupe en train de répéter La Traviata, ce qui permettait de placer des airs de l’opéra au sein d’un autre récit, était parfaitement compréhensible. Mais lorsqu’il est double – un avion transportant des comédiens répétant un spectacle sur Jeanne d’arc, l’histoire de cette dernière dans une version qui la considère comme la demi-sœur du roi et enfin un débat sur sa sainteté – brouille tant le message qu’on ne sait plus où se trouve la pointe du récit. Est-ce dans le fait qu’il s’agirait d’une enfant royale adultérine abusée par ses préceptrices ? Dans la question de savoir s’il y a encore aujourd’hui des jeunes filles capables d’aller se battre pour obéir à Dieu (et on pense au djihad) ? Ou dans l’affirmation selon laquelle sorcellerie, crime, sainteté et héroïsme ne sont que les différentes facettes d’une même réalité ? On ne le sait pas, on reste dans la confusion.
Pourquoi par ailleurs faire jouer les comédiens presque tout le temps derrière un rideau de tulle, ce qui affadit les couleurs des costumes (déjà pas follement clairs) ? Ou multiplier à un tel point les projections vidéo (inventives), ce qui oblige à éclairer à contre et a pour conséquence de nous faire assister à un spectacle d’ombres chinoises, sans relief ? C’est d’autant plus dommage que les comédiens jouent plutôt bien.
Mais va-t-on à un tel spectacle, qui mêle sur scène autistes et soignants pour le message qu’il délivre ou par solidarité avec une cause qui mérite toujours d’être défendue ? Denis Lavant et Isabelle Mergault ont déjà répondu à cette question en acceptant de venir jouer une scène dans le spectacle.
Pierre FRANÇOIS
« Jeanne d’Arc », création théâtrale de Gilles Roland-Manuel. Avec une trentaine d’artistes autistes ou pas. Mise en scène : Olivier Tchang Tchong. Théâtre des variétés, 7, boulevard Montmartre, 75002 Paris, tél. 01 42 33 09 92, www.theatre-des-varietes.fr

Photo : Pierre Francois.

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